mercredi 1 août 2018

Olivia Gerig, une secte satanique du côté d'Annecy

Couverture-Mage-noir
Olivia Gerig – Après un roman bien catholique comme "Martyrs sur la Côte d'Azur", pourquoi ne pas se plonger dans un polar aux relents sataniques? En plein été, c'est en tout cas le voyage que propose l'écrivaine genevoise Olivia Gerig avec "Le Mage noir". Un roman qui s'installe en pleine canicule, comme si les chaleurs de l'été 2015, entre Paris et Genève, étaient la préfiguration des flammes de l'enfer.


Une petite mise en contexte pour commencer: "Le Mage noir" s'inscrit dans la suite des romans d'Olivia Gerig, "L'Ogre du Salève" et "Impasse khmère", publiés chez Encre Fraîche. Ceux qui ont lu ces livres retrouveront facilement leurs marques: en particulier, le policier Claude Rouiller reprend du service. Quant au cadre, entre Genève et la France voisine, il est bien connu des lecteurs d'Olivia Gerig; c'est du reste un univers qui, entre sectes bizarres, lieux mystérieux en France voisine et intrigues qui dépassent les enquêteurs, n'est pas sans rappeler celui de Laurent Malot, auteur de "L'Abbaye blanche".

Donc voyons: "Le mage noir" est l'animateur maléfique d'une secte qui recrute ses membres sous couvert de développement personnel. L'auteure rappelle avec application ce que peut être une dérive sectaire: les adeptes paient beaucoup d'argent, sont obligés de prendre leurs distances avec leurs proches et doivent une allégeance absolue envers leur gourou. Faute de quoi, la mort se profile... L'auteure dessine avec habileté les contours de ce mage, et ce n'est qu'en fin de roman que le lecteur sait avec certitude de qui il s'agit – comme dans tout bon thriller.

L'écrivaine joue avec bonheur avec la fascination des lecteurs envers la mort, objet à la fois d'attrait et de rejet. Il est fort intéressant, en particulier, de suivre le lien qu'elle dessine entre différentes nécropoles fameuses ou anonymes. Du côté de Genève, le voyage amène au cimetière des Rois, où gisent quelques célébrités genevoises; cela fait écho au Panthéon de Paris, et surtout aux Catacombes de la même ville. Cela, sans oublier le cimetière qui entoure l'église Saint-Médard, au bas de la rue Mouffetard, ni les tombes profanées d'Annecy. Cette fascination, l'auteure l'exploite aussi au travers d'histoires légendaires de maisons hantées en France voisine. Comme par hasard, les cadavres s'y entassent... et parfois, on se croirait dans un Stephen King, la qualité d'écriture en plus.

"Le mage noir" fait aussi preuve d'une érudition certaine, qui ne s'exprime pas qu'au travers des exergues des chapitres, de longueur variable, qui éclairent le roman. En particulier, ce sont les grimoires des "Grand et Petit Albert", attribués à Saint Albert le Grand, qui constituent la structure intellectuelle du livre. La vision renvoyée par "Le mage noir" est subversive, peut-être partielle: elle sert en tout cas de socle à la misogynie, générale plus qu'active, du fondateur de la secte. Ce livre existe réellement, ce qui donne au "Mage noir" un substrat terrible et troublant: après tout, n'importe qui pourrait se mettre au travail dans les pas de ce mage.

Côté représentation, l'auteure se souvient des clichés des sectes d'hier et d'aujourd'hui. A plus d'une reprise, on pense à la secte de l'Ordre du Temple Solaire, consommée dans un suicide collectif qui a marqué les esprits en 1994, 1995 puis 1997. Côté costumes, la ressemblance avec le Ku Klux Klan est assumée, même si côté idéologie, ce n'est pas ça du tout.

"Le mage noir" a donc tout d'un thriller littéraire, appelant qui plus est une suite, avec les mêmes personnages. On peut regretter que par moments, au début surtout, l'auteure dise un peu trop les choses: elle prend son temps, par exemple, pour faire la "visite guidée" simplement explicative, touristique, de lieux tels que le complexe genevois de soins psychologiques et de rétention pénitentiaire, autour de Curabilis et de Belle-Idée – même si cela entre en résonance avec des scandales récents. En écho, la ville de Paris est dessinée avec une exactitude certaine, laissant cependant l'impression que l'auteure dévoile son propre carnet d'adresses et de stations de métro parisiens – qu'on partagerait cependant volontiers! Dans le même ordre d'idées, enfin, mais d'un point de vue plus formel, certaines phrases et idées, redondantes, auraient mérité d'être élaguées en un ultime travail éditorial pour que le tout gagne en nervosité. Par moments, certes!

En définitive, Olivia Gerig propose à ses lecteurs un troisième roman de près de 500 pages, qu'on peut considérer comme un thriller littéraire. Le lecteur sera frappé par le jeu sur la plus ou moins grande faiblesse des preuves policières: que vaut la parole d'un médium, d'une policière mise à pied ou d'un témoin ivre mort? On voudrait y croire, mais ce n'est pas si simple... "Le mage noir" se souvient clairement des deux premiers romans de l'écrivaine, et annonce un quatrième opus. Ce dernier ne contiendra sans doute pas moins de mystère que "Le mage noir", mais jouera la carte de l'exotisme. Pour l'auteure, c'est une belle manière, bien amenée qui plus est, de renouveler son univers! Un univers fait d'ambiances sombres, mais où l'amour peut aussi germer, si difficile que cela puisse sembler.

Olivia Gerig, Le mage noir, Lausanne, L'Age d'Homme, 2018.

Le site des éditions L'Age d'Homme, celui d'Olivia Gerig.


2 commentaires:

  1. pour satisfaire mon Maître Satanisme…( un Ami le représente)

    Je me met nu sous ma longue cape noire ma tête enrober d'un voile ,et doucement ,je me met a genoux devant le Maître, et je commence par une fellation sous mon voile, puis , il se met a uriner sur dans la cape ouverte;;;;;gloire a Satan

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    1. Merci de votre commentaire, mais, euh, c'est légèrement hors sujet. Ce blog n'a rien de satanique. Sans doute vous êtes-vous trompé/e d'adresse.

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