mercredi 3 janvier 2018

Dans les nuages, la part de l'évanescence

Nuages
Thomas Vinau – "Ce jour-là ne fut le jour de rien." Ce rien, c'est ce que Thomas Vinau va s'attacher à dessiner au fil de la centaine de pages de "La Part des nuages". Un rien, ou plutôt quelque chose d'évanescent, d'insaisissable, comme les nuages justement. Dans un bel élan poétique, ceux-ci occupent une bonne part la première partie de ce roman. Une première partie qui installe aussi les personnages: Joseph, le père de Noé. Plus tard, viendra son ex-femme, non nommée, comme si elle s'était déjà estompée dans les souvenirs de Joseph. Comme un nuage qui fait place au ciel bleu.

"La Part des nuages" est pleine d'une poésie où les mots se rencontrent au fil de phrases courtes. Les nuages, il leur donne leurs noms scientifiques, puis en écho, il s'amuse, comme s'il y avait mieux à faire que d'appeler un cumulus un cumulus, à nommer leurs formes, d'une manière souvent surréaliste, étonnante: c'est un vrai jeu d'enfant, qui prête à sourire. 

Et puis il y a la vie de Joseph, qui passe jour après jour, insaisissable, comme la vie ordinaire d'un père désormais séparé de sa femme. Celle-ci a par moments un côté somnambulique, par exemple lorsqu'il prépare un repas, en pilotage automatique, sans penser que Noé n’est pas là : une partie des ingrédients finira à la poubelle. Même chose lorsqu’il faut préparer Noé pour partir, vaille que vaille. 

L'évanescence telle que Thomas Vinau la pratique, c'est aussi une esthétique de la brièveté, mise au service de vies ordinaires que la poésie met cependant en valeur. Le lecteur découvre des phrases brèves qui composent elles-mêmes des chapitres courts, presque des paragraphes, qui tiennent de la prose poétique et font figure d'instants de vie recueillis. Des instants d'existence où l'enfance et ses jeux prennent toute leur place. Cela, pour constituer une rêverie un brin décalée. Impalpable. Evanescente, justement...

Thomas Vinau, La Part des nuages, Paris, Alma, 2014.

Le site des éditions Alma, le blog de Thomas Vinau.

4 commentaires:

  1. J'ai adoré Le camp des autres et j'ai emprunté à la bibliothèque deux autres romans de Thomas Vinau : Ici ça va, et Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, et j'espère qu'ils me plairont autant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je t'en souhaite une bonne lecture! Pour ma part, cette "Part des nuages" a été une découverte totale.

      Supprimer
  2. Une lecture passionnante que j'avais beaucoup aimé.

    RépondreSupprimer

Allez-y, lâchez-vous!