Valérie Mazeau – La vie côté cœur: tel est au sens littéral le propos délivré par "Joli cœur", un très court roman signé de l'auteure nantaise Valérie Mazeau. Quoi de plus astucieux, en effet, que de donner la parole directement au siège des affects de l'être humain? Celui-ci est placé en dialogue avec son antagoniste de toujours: le cerveau.
Et dès le début, ça ferraille entre les deux, selon l'idée immémoriale du combat entre le cœur et la raison. L'auteure crée, pour davantage de piquant, des répliques savoureuses où chacun y va de son sobriquet: le cœur est "le rougeaud" pour le cerveau, lui-même surnommé (entre autres) "Votre Altesse Céphalissime". Ce rythme alerte se prolonge dans la narration, vue par le cœur.
Celui-ci bat et s'émeut dans la poitrine d'Apolline, un peu libraire, un peu pianiste de son état, récemment plaquée sans un mot par un jeune musicien oubliable. Elle se retrouve dans un camp de ski, et ce que tout le monde pouvait prévoir advient... malgré la différence d'âge et la brièveté de la rencontre.
C'est sans doute là que le combat du cœur et de la raison se fait le plus intense, comme une manière de prélude crescendo à la rencontre... entre deux cœurs que tout, finalement, rapproche. Jusqu'à faire "Boum", comme dans la chanson de Charles Trenet, citée en début et en fin d'ouvrage, comme une musique de générique.
On sort de cette chouette lecture amusé, l'esprit plutôt léger, ce qui n'a pas de prix par les temps qui courent. Voilà un petit livre sympathique, mené par une écriture tout en tendresse envers ses personnages (organes ou humains), qui fait passer un excellent moment entre deux ouvrages plus épais.
Valérie Mazeau, Joli cœur, Portrait de femme, 2010.
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