Marion Curchod – Elle a traduit Jane Austen en français, et elle a écrit plus d'un roman sentimental à succès. On l'a un peu oubliée, mais Isabelle de Montolieu (1751-1832) a marqué son époque, à cheval sur les deux-huitième et dix-neuvième siècles. L'écrivaine Marion Curchod a choisi de rendre à Isabelle de Montolieu la lumière qu'elle mérite. Il en résulte un court ouvrage intitulé "Isabelle de Montolieu, l'éclat d'une plume", synthèse de son travail de master à l'université de Lausanne.
Cet oubli n'est cependant pas total, concède l'auteure: Isabelle de Montolieu a donné son nom à un établissement scolaire lausannois, et aussi à une voie du chef-lieu vaudois. Force lui paraît cependant de relever que peu de gens, à Lausanne et au-delà, savent vraiment qui se cache derrière ce toponyme. Pourtant, que les Lausannois le sachent, et les autres aussi: il suffit d'une soixantaine de pages pour mieux connaître Isabelle de Montolieu.
Elle a son importance en effet, Isabelle de Montolieu, dans le monde des lettres de son temps. L'auteure la situe parfaitement dans le contexte d'une noblesse vaudoise réformée où les mariages se font encore parfois plus selon la raison que selon la passion, même si l'un l'empêche pas l'autre: l'auteure relève qu'Isabelle de Montolieu aura été veuve deux fois, ce qui lui vaudra de vivre difficilement selon son rang social, quitte à s'accrocher aux salons de son temps, où elle a su briller.
L'écriture apparaît dès lors, pour Isabelle de Montolieu, comme une activité lucrative et utilitaire, en plus de l'expression d'un génie propre. Isabelle de Montolieu se fait connaître du (grand) monde dès 1786 avec le roman sentimental "Caroline de Lichtfield", puis par de nombreux romans qui ont contribué à la construction d'un imaginaire helvétique empreint de romantisme gothique. Elle a beaucoup traduit, aussi: en particulier, c'est elle qui a donné la première traduction complète en français de "Sense and Sensibility" de Jane Austen. Même Paris est à son écoute juste après la Révolution française...
L'essayiste relève le succès international qu'Isabelle de Montolieu a connu de son vivant, fondé entre autres sur des contacts familiaux en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Elle rappelle aussi que dans une certaine mesure, l'écrivaine aura survécu à elle-même grâce à ses écrits. Tout à la fin du livre, cependant, elle pointe ce qui a pu empêcher qu'Isabelle de Montolieu, décédée en 1832, connaisse la postérité à long terme qu'elle aurait méritée: balayant le romantisme, le mouvement littéraire réaliste va, le premier, la pousser hors de la mode du temps.
L'"Isabelle de Montolieu" de Marion Curchod s'avère très synthétique, plus bref qu'un "Que sais-je?". Mais il vaut la peine d'y mettre le nez: l'auteure offre à son lectorat une courte biographie qui va à l'essentiel, enrichie d'illustrations qui permettent à tout un chacun de s'attacher, par l'image, à la belle et rayonnante personnalité féminine mise en valeur par l'ouvrage.
Marion Curchod, Isabelle de Montolieu, l'éclat d'une plume, Gollion, InFolio/Presto, 2023.
Le site des éditions InFolio.
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