lundi 16 avril 2018

Un aperçu d'hier sur les ordres religieux

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André Frossard – Il les voit comme le sel de la Terre, et les compare aux institutions politiques: dans "Le Sel de la Terre", l'écrivain André Frossard dresse le portrait de sept grands ordres religieux, bien présents au milieu du vingtième siècle. Ecrit en des temps qu'on a dits incroyants (mais qu'en est-il aujourd'hui?), c'est un petit livre qui s'adresse aux incroyants intéressés comme aux croyants; mais c'est aussi l'ouvrage d'un catholique convaincu et admiratif.


L'idée de comparer les ordres religieux aux institutions politiques est séduisante, parlante en tout cas: qu'on pense à l'image d'"armée" qu'il donne aux Jésuites, jouissant d'une autonomie particulière pour endosser des missions (enseignement, entre autres) au nom de l'Eglise catholique. Pour approfondir sa réflexion, sa comparaison guère critique avec les Etats-Unis, ségrégationnistes au temps de l'écriture du "Sel de la Terre", est pénible à recevoir aujourd'hui, même si elle reflète l'idée juste a priori d'un "fédéralisme" des ordres religieux, réunis dans une même religion, une même foi, mais pratiquant chacun selon ses règles, ses lois.

Chacun ses lois? Les chapitres du "Sel de la Terre" s'attachent, l'un après l'autre, à décrire les spécificités des pratiques des grands ordres religieux masculins. Celles-ci apparaissent clairement, des usages aux vêtements, en passant par les habitudes de prière et de travail. Le propos, toutefois, n'a rien d'aride: il reste abordable et empreint de l'empathie d'un auteur souriant, page après page. Cela, même pour dire l'austérité de la règle des chartreux! L'auteur, du reste, ne manque pas de partager des expériences personnelles, comme un repas partagé avec des dominicains ou l'expérience du "sourire de la Trappe" – une trappe vue comme une élévation, non comme un piège dans lequel on tomberait, soit dit en passant. Enfin, chaque chapitre descriptif est nourri d'une mise en perspective historique.

Certes, ce petit livre apparaît daté dans certaines de ses options et points de vue. En particulier, et c'est regrettable, il n'y sera pas spécifiquement question d'ordres religieux féminins, ceux-ci étant juste brièvement cités au détour d'une phrase de la conclusion. Cela dit, ce qu'il donne à voir s'avère intéressant, baigné à sa façon d'une certaine lumière. Voilà un petit livre qui donne envie d'aller voir plus loin, peut-être avec des ouvrages plus actuels.

André Frossard, Le Sel de la Terre, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1954. Illustrations de l'auteur.

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