mardi 22 juillet 2025

Bagarre et quête de soi: à la recherche du destin d'Eliott à Lemania

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Fabien Feissli – L'ambiance est orageuse dans le deuxième tome de la saga "Lemania" imaginée par le journaliste et écrivain suisse Fabien Feissli. Après une prise d'otages au Mîlenarium, nouvelle école polytechnique fédérale de Lausanne, Eliott a une réputation partagée dans sa ville, Lémania: terroriste pour les uns, c'est un sauveur pour les autres. Et surtout, c'est un humain augmenté. Après "Le Mîlenarium", l'histoire de ce postadolescent amnésique aux pouvoirs surhumains se poursuit avec "Eva". 

On se souvient qu'au terme du premier roman de la saga, l'adversité entre Eliott et son ennemi Sandro, son jumeau, est devenue une affaire personnelle. Cette affaire de revanche est le moteur d'"Eva". La narration se caractérise dès lors par une ambiance de castagne constante entre humains bien sûr, mais aussi entre cyborgs et autres créatures futuristes nées de la révolution numérique: nous sommes en 2049 et il y a des avatars et des exosquelettes plein les rues. 

Eliott se retrouve placé, et c'est là que ça devient intéressant, au cœur de mille tensions. Peut-il encore faire confiance à ses parents adoptifs? Une conversation saisie au vol distille le doute, alors que son père, policier, jure qu'il ne veut que son bien. Mais Eliott n'est pas du genre à se laisser mettre en prison, ni étudier comme une bête bizarre. Ses amis? Leurs soutiens sont variables, et ça se comprend au vu des risques qu'il y a à être l'ami d'un gars à la sulfureuse réputation de terroriste. Mais plus d'une relation se trouvera renforcée par les épreuves liées à la quête identitaire d'Eliott, ou juste à sa vie de célébrité sulfureuse.

L'auteur appuie, davantage que dans le premier tome de la saga, le côté futuriste de la cité de Lemania, née sur les rives du Léman sur les cendres d'une Lausanne délabrée. On ne s'y déplace plus en voiture individuelle, mais en Minitro. La surveillance est partout, les possibilités de piratage d'humains sont réelles (Eliott en a été la victime, pense-t-il), mais une cage de Faraday permet de se protéger. Mettant enfin en scène des personnages électrosensibles, l'auteur développe la possibilité d'une nouvelle forme d'exclusion fondée sur un trop-plein d'ondes.

De bagarre en bagarre, Eliott va en apprendre plus sur lui-même et sur son passé, et le lecteur ne manque pas de se passionner pour son destin: l'auteur sait maintenir la tension tout au long d'un épisode marqué par la violence. Il convient d'avoir bien en tête "Le Mîlenarium" pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de "Eva", certes. Mais pour récompense de sa fidélité, le lecteur en saura plus sur ce personnage amnésique, apprenant pour ainsi dire en même temps que lui, tout au long d'un roman riche en surprises qui, le titre l'annonce, gravite autour d'une mystérieuse Eva. Mais tout n'est pas fini: un tome 3 est d'ores et déjà sorti. 

Fabien Feissli, Eva, Genève, Cousu Mouche, 2018. 

Le site des éditions Cousu Mouche.

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