James Cainno Frohtas – Le western rétro-futuriste, vous connaissez? Dans le contexte de l'Ouest américain, le genre mêle archaïsmes assumés et accessoires électroniques dans un anachronisme joyeusement assumé. C'est de ce genre que relève la dernière livraison de la série de petits romans pulp incorrects "Damned": Ronny Barre se barre" de James Cainno Frohtas.
Ce titre est dans la droite ligne de la série, qui vit actuellement sa troisième saison: décomplexée, distrayante, sexy sans filtre et d'un style "mauvais genre" assumé qui n'exclut pas forcément la réflexion. On y retrouve aussi l'accent romand des traductions, qui suggèrent que James Cainno Frohtas est le pseudonyme d'un auteur romand plus ou moins chevronné, développant par ailleurs une œuvre d'une toute autre tonalité. Enfin, bien sûr, on reconnaît ces livres à leur couverture inénarrable, invariablement signée macbe.
Jetons-y donc un œil: Ronny Barre est esclave dans un ranch de l'Ouest, tenu par Don Erwetter, un maître impitoyable adepte des châtiments corporels. Envoyé dans une ferme voisine pour aller chercher trois porcelets, il tombe sur un homme moribond qui lui lègue absolument tout ce qu'il a avant de rendre son dernier souffle. Nanti d'un arsenal électronique qui inclut un cheval numérique (un "chevbot"), Ronny Barre voit de nouvelles perspectives s'ouvrir dans sa vie.
Les frontières entre le numérique et l'humain sont floues dans "Ronny barre se barre", à telle enseigne que le lecteur peut s'y tromper (et l'auteur, créer un retournement de situation à bon compte...). Il en résulte quelques situations cocasses, liées à la recherche du mot de passe des brimborions hérités ou à la manière de recharger le chevbot. Cela dit, les codes du western sont respectés: nous avons bel et bien un saloon avec son barman et sa fille de confort, et même un shérif carriériste. Et sans divulgâcher à l'excès, qu'on sache que les méchants seront punis à la fin.
Il arrive à plus d'une reprise que le lecteur de "Ronny Barre se barre" sourie face aux jeux de mots potaches qui apparaissent çà et là au fil des pages, notamment pour ce qui concerne les noms des personnages, d'une façon classique mais qui fait toujours son petit effet. Au final, voilà un bon petit livre pour passer une soirée de lecture agréable, ou alors pour se distraire le temps d'un trajet en train. Cela aussi, c'est un peu l'idée des "Damned".
James Cainno Frohtas, Ronny Barre se barre, Lausanne, Nouvelles Editions Humus, traduit de l'américain par Petzi Lajambe.
Le site des nouvelles éditions Humus.
La véritable couverture de ce livre sera publiée bientôt.
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