Chrystel Duchamp – Les homicides avec mise en scène sont un grand classique. Encore faut-il en comprendre le sens! Tel est le moteur du roman "L'art du meurtre" de Chrystel Duchamp. L'écrivaine propose avec cet opus un roman policier classique qu'on croirait calibré pour le prix du Quai des Orfèvres: l'intrigue se déroule à Paris, dans le contexte du monde des arts façon haut de gamme, là où les créations se négocient à coups de millions.
L'auteure prend soin de développer plus d'une fausse piste aux apparences sérieuses pour troubler son lectorat. Les victimes ont certes toutes un lien avec l'art, mais elles ont aussi quelque chose à cacher: besoin de liquidités pour un ténor du barreau, trafic d'enfants sous couvert d'adoption pour un dentiste – l'affaire de "L'Arche de Zoé" pointe ici le bout de son nez. Ces motivations font débat au sein de l'unité de police chargée de mener l'enquête! Et Audrey Durand défend sa version...
Audrey Durand est un personnage captivant, complexe, de ce roman. L'auteure revisite avec elle le stéréotype du policier alcoolique en s'intéressant aux difficultés sociales que cela peut entraîner. Cela, sans oublier qu'Audrey Durand collectionne aussi les aventures sans lendemain, craignant de s'engager après avoir vécu des histoires malheureuses (on pense à Ben, son coup d'un soir, pétri de mensonges). Pour en rajouter dans le côté atypique, l'auteur gratifie Audrey Durand d'un bref cursus d'études en histoire de l'art. Suffisant cependant pour y comprendre quelque chose, à partir d'indices plus ou moins spectaculaires.
Audrey Durand se révèle aussi étonnante dans ses relations, complexes, avec sa hiérarchie. Audrey ne manque aucune occasion de recadrer sa cheffe (alors que c'est d'habitude l'inverse); celle-ci, de son côté, sait se faire protectrice, limite paternaliste, lorsqu'il est question des démons d'Audrey Durand.
"L'art du meurtre" est un livre qui porte bien son titre, si l'on considère les thématiques abordées. L'écriture en témoigne aussi: presque chaque chapitre porte le nom d'une œuvre d'art plus ou moins connue, d'hier ou d'aujourd'hui, qui éclaire ce qui va suivre. Les références sont parfois pointues: il y a Jackson Pollock, Alberto Giacometti ou Pablo Picasso, mais aussi Yves Klein ou la créatrice stéphanoise Orlan.
Tout cela donne au lecteur l'impression de s'immerger, à travers une intrigue policière, dans l'univers foisonnant des arts d'aujourd'hui et de toujours. Et pour peu qu'il se renseigne sur Internet, il en aura plein la vue, en plus de goûter un roman à suspens bien ficelé, à l'intrigue rigoureusement serrée, qui met la police aux prises avec ses propres démons. Et bien sûr, le coupable est inattendu...
Chrystel Duchamp, L'art du meurtre, Paris, L'Archipel, 2020/Archi Poche, 2022.
Le site des éditions L'Archipel.

Intéressant, ça me fait penser à la série L'art du crime !
RépondreSupprimerJe ne connais pas cette série... mais ce polar est solidement ficelé!
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