mercredi 8 mai 2024

Errance des âmes, vives ou mortes

Vénus Khoury-Ghata – Lointaines, comme éthérées, ou incroyablement concrètes, avec la mort pour leitmotiv: telles sont les âmes que la poétesse Vénus Khoury-Ghata décrit dans son recueil "Désarroi des âmes errantes". Les poèmes qui le composent sont le plus souvent brefs, et fulgurants si l'on songe à ce dont ils parlent tour à tour; l'économie de ponctuation leur confère cependant une longueur en bouche, une résonance indéniable. 

Il est donc question des éléments naturels, des âmes en peine, mais aussi du poète face à la feuille blanche,  en résonance avec le blanc de la neige, mais aussi avec des motifs tirés de la nature tels que les oiseaux morts. Et s'invitent les mânes de poétesses et écrivaines qui se sont donné la mort, Sylvia Plath, Virginia Woolf, Marina Tsvetaïeva – et leur confrontation aux éléments fatals.

Et l'auteure évoque les mères, celles d'autrefois dites au temps passé (séquence "Les mères"). Peu à peu s'installe le thème récurrent du sang, fort, que ce soit celui du coq tué pour le repas du dimanche ou celui des règles – un sang qui entre en résonance avec le rouge des poivrons, évoqué dans l'un des poèmes de ce bout de recueil.

Attentif aux couleurs porteuses de force et d'imaginaire, écrit dans les nuances musicales du mode mineur, "Désarroi des âmes errantes" balade son lecteur entre une poignée de thèmes universels, avec une attention marquée pour la vie et la condition féminine, et aussi pour la mort, qui frappera chacune et chacun. Cela, sur un ton simple et sans détours, franc et direct.

Vénus Khoury-Ghata, Désarroi des âmes errantes, Paris, Mercure de France, 2024.

Le site des éditions Mercure de France.


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