– Cendre ou poussière, que préférez-vous? Vous avez le choix. Le feu ne change pas grand-chose. Il accélère seulement. Sa brûlure est impitoyable. Aucune hésitation. Le rien vient plus vite, plus léger, plus sec, plus volatil, moins grimaçant, moins affreux. Aucune odeur malsaine et révulsante, susceptible d'incommoder les vivants. Nul besoin d'attendre que la pourriture ait fait son œuvre. Cet embrasement n'est-il pas une manière d'en finir avec l'hésitante collusion de la chair et du désir? Comme un éclat de rire, la bouche ouverte dans le brasier, en réponse au grand froid don ne veulent pas nos os! On peut si besoin ajouter quelques épices, récupérer les selles, injecter du forme, poudrer les joues d'un peu de rose. Il faut plaire à Madame Lamort; elle se montre depuis toujours infiniment sensible à ce type d'attention délicate.
Jean-Michel Maulpoix (1952- ), Le jardin sous la neige, Paris, Mercure de France, 2023.
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