Aloysius Chabossot – Des rumeurs tenaces, relayées avec complaisance par le réseau social Babelio, indiquent qu'Aloysius Chabossot est l'une des vedettes de la rentrée littéraire, par l'entremise des éditions Eyrolles. Le titre? "Fallait pas l'inviter!".
Je le dis en préambule: il m'est arrivé plus d'une fois de me promener devant la belle librairie des éditions Eyrolles à Paris, sans rencontrer l'écrivain: c'était le temps où ses opuscules, par exemple "C'est l'histoire de totaux..." pouvaient être lues par tout un chacun au Bar de la Poste à Guéret, ou achetées pour deux euros à la librairie "Les Belles Images" dans la même ville. Bah! C'est sans concertation aucune que j'ai lu le week-end dernier, avec un plaisir non dissimulé, son petit roman policier "La Malédiction des Vampires du Crépuscule".
Disons-le, en écho à la préface: il n'y sera question ni de vampires, ni de crépuscule, ni de malédiction. Si vous aimez cela, passez votre chemin, encore que... En effet, la rigolade devrait mettre tout le monde d'accord, déclenchée par un esprit faussement froid, pince-sans-rire pour tout dire, coloré entre autres par le machisme à deux balles et à l'ancienne de l'inspecteur Guacamol, contrebalancé par l'esprit de sa coéquipière Milena, qui sait renvoyer les (deux) balles au besoin.
Si le décor peut rappeler le poste de police vétuste du film "Au Poste!" de Quentin Dupieux (certes postérieur), le traitement de l'intrigue est parfaitement original. Qu'on en juge: Guacamol se voit chargé d'un dossier, celui de la disparition de la chanteuse Linda Bruckner. En compagnie de Milena, il va mener l'enquête. Et les heures de planque en bagnole vont être propices aux discussions, menant sur des pistes surréalistes: il sera même question d'un tueur en série spécialisé dans l'éventrage des ours en peluche. Ouch! Cette violence fait écho à celle, pas moins drôle (hum...) des agents Parker et Waterman, spécialisés dans l'art de cogner les suspects pour les faire avouer. A coups de bottins, comme quoi même à l'époque du numérique tout-puissant, les annuaires sur papier servent encore à quelque chose.
Tout se passe dans un pays qui pourrait être les Etats-Unis, sans qu'ils soient vraiment nommés: l'auteur le suggère fortement. Les Etats-Unis sont, parmi d'autres mais de façon particulièrement traditionnelle, le pays des feuilletons. C'est pourquoi, en miniature, "La Malédiction des Vampires du Crépuscule" a des airs de feuilleton. Ses chapitres sont courts et rythmés, se suffisent à eux-mêmes comme des saynètes, tout en incitant le lecteur à aller plus loin. Surtout que c'est court, allez...
Et puis, il y a une sacrée playlist dans ce court roman... Alors que d'autres vont piocher dans les classiques de la musique rock mainstream mondialisée pour faire intello, l'auteur n'hésite pas à la jouer terroir, façon leste: le fil rouge musical n'est rien d'autre que "La grosse bite à Dudule", naturellement traduite en anglais pour éviter que cela ne soit trop, euh, explicite. Reste qu'entre ce hit du répertoire paillard et une astuce de scénario prévoyant une moustache, "La Malédiction des Vampires du Crépuscule" semble un candidat tout indiqué pour le Prix Virilo. Surtout que pour faire bon poids, l'auteur n'a pas manqué de glisser quelques couvertures de Playboy dans un dossier de police. Faut ce qu'il faut, hein! Vous avez bien le droit de penser que tout ça, c'est un monde de mecs.
C'est court, c'est parodique à fond et ça va vite: sur un ton faussement sérieux, l'écrivain livre avec "La Malédiction des Vampires du Crépuscule" un micro-roman légèrement déconnant, empreint de non-sens et de raisonnements complètement à l'ouest, fondés éventuellement sur les maladresses de plume et attelages bizarres que l'auteur laisse volontairement traîner. De quoi faire naître quelques sourires! D'autant plus que l'auteur n'hésite pas à faire sa pub pour un autre opus... qui n'existe peut-être même pas, mais est vendu 35 euros dans toutes les bonnes librairies.
Aloysius Chabossot, La Malédiction des Vampires du Crépuscule, Les Editions du Camembert, 2013.
Le blog d'Aloysius Chabossot.
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