vendredi 25 juillet 2025

Quand les cœurs prennent la clé des champs

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Angéla Morelli – En relisant la dédicace qu'Angéla Morelli m'a faite à la Fête du Livre de Saint-Etienne, cuvée 2018, dans mon exemplaire de "La rencontre idéale (ou presque)", il me revient le souvenir des mémorables "Harlequinades", défis poilants entre blogueurs et blogueuses littéraires consistant à rédiger des pastiches de quatrièmes de couverture (comme celle-ci) que les éditions Harlequin auraient pu produire... ou pas. Depuis, d'instigatrice des Harlequinades, Angéla Morelli est devenue écrivain. Et c'est avec délice que je me suis enfin plongé dans "La rencontre idéale (ou presque)".

Dans le genre de l'attaque "in médias res" qui ferre le lecteur d'emblée, le début de ce roman est réussi: l'auteure met d'emblée en scène le personnage féminin, Louise, qui va porter son histoire. Ce sera une Parisienne perdue dans une campagne qu'elle a fantasmée et qu'elle découvre, avec ce qu'elle a d'agréable mais aussi de peu commode, notamment quand on porte des chaussures délicates. 

Louise ressemble à une poupée Barbie, en ce sens qu'elle a plein de fringues dans ses valises et qu'elle sait tout faire. L'histoire de la chaussure gâchée et des genoux écorchés lorsqu'elle arrive en Baie de Somme apparaît dès lors comme un faux pas vite oublié: on la verra cuisiner avec une apparente assurance, prêter adroitement main-forte à l'entrepreneur chargé de réparer la ferme où elle loge pendant un mois – une période pendant laquelle elle s'est promis de ne pas céder aux appétits de la chair, comme elle le fait trop facilement à Paris. Littéralement, les hommes, pour elle, c'est "ken", avec ou sans majuscule.

Reste qu'à la campagne aussi, les trobogosses, ça existe. L'auteure installe une tension sentimentale en mettant en évidence deux personnages masculins: Joffrey, un apiculteur néo-rural plutôt sociable et craquant, et Arnaud, l'entrepreneur justement, qui traverse une mauvaise passe qui le rend difficile à dégeler. S'échiner à briser la glace ou céder à l'immédiateté d'une rencontre torride? L'auteure excelle à décrire les états d'âme d'une Louise dont le cœur balance. Pour ajouter un peu de pression, elle met en avant l'argument du qu'en-dira-t-on, particulièrement efficace lorsqu'on est une Parisienne qui se met au vert dans un village de 22 habitants.

"La rencontre idéale (ou presque)" laisse certes quelques portes ouvertes dans son intrigue, entre autres en ce qui concerne ce que deviendra l'apprenti d'Arnaud (qui a du potentiel, pourtant), ou l'origine des moyens dont dispose Gisèle, simple enseignante aux penchants ésotériques, pour posséder une ferme qu'elle peut rénover à grands frais en son absence – sous la supervision de Louise. Porté entre autres par des images culottées, ce court mais chouette roman fait cependant tout ce qu'on attend de lui: amuser et divertir en toute légèreté grâce à une écriture pétillante qui raconte plus d'une péripétie improbable et accrocheuse.

Angéla Morelli, La rencontre idéale (ou presque), Paris, Harlequin.

Le site des éditions Harlequin.

mardi 22 juillet 2025

Bagarre et quête de soi: à la recherche du destin d'Eliott à Lemania

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Fabien Feissli – L'ambiance est orageuse dans le deuxième tome de la saga "Lemania" imaginée par le journaliste et écrivain suisse Fabien Feissli. Après une prise d'otages au Mîlenarium, nouvelle école polytechnique fédérale de Lausanne, Eliott a une réputation partagée dans sa ville, Lémania: terroriste pour les uns, c'est un sauveur pour les autres. Et surtout, c'est un humain augmenté. Après "Le Mîlenarium", l'histoire de ce postadolescent amnésique aux pouvoirs surhumains se poursuit avec "Eva". 

On se souvient qu'au terme du premier roman de la saga, l'adversité entre Eliott et son ennemi Sandro, son jumeau, est devenue une affaire personnelle. Cette affaire de revanche est le moteur d'"Eva". La narration se caractérise dès lors par une ambiance de castagne constante entre humains bien sûr, mais aussi entre cyborgs et autres créatures futuristes nées de la révolution numérique: nous sommes en 2049 et il y a des avatars et des exosquelettes plein les rues. 

Eliott se retrouve placé, et c'est là que ça devient intéressant, au cœur de mille tensions. Peut-il encore faire confiance à ses parents adoptifs? Une conversation saisie au vol distille le doute, alors que son père, policier, jure qu'il ne veut que son bien. Mais Eliott n'est pas du genre à se laisser mettre en prison, ni étudier comme une bête bizarre. Ses amis? Leurs soutiens sont variables, et ça se comprend au vu des risques qu'il y a à être l'ami d'un gars à la sulfureuse réputation de terroriste. Mais plus d'une relation se trouvera renforcée par les épreuves liées à la quête identitaire d'Eliott, ou juste à sa vie de célébrité sulfureuse.

L'auteur appuie, davantage que dans le premier tome de la saga, le côté futuriste de la cité de Lemania, née sur les rives du Léman sur les cendres d'une Lausanne délabrée. On ne s'y déplace plus en voiture individuelle, mais en Minitro. La surveillance est partout, les possibilités de piratage d'humains sont réelles (Eliott en a été la victime, pense-t-il), mais une cage de Faraday permet de se protéger. Mettant enfin en scène des personnages électrosensibles, l'auteur développe la possibilité d'une nouvelle forme d'exclusion fondée sur un trop-plein d'ondes.

De bagarre en bagarre, Eliott va en apprendre plus sur lui-même et sur son passé, et le lecteur ne manque pas de se passionner pour son destin: l'auteur sait maintenir la tension tout au long d'un épisode marqué par la violence. Il convient d'avoir bien en tête "Le Mîlenarium" pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de "Eva", certes. Mais pour récompense de sa fidélité, le lecteur en saura plus sur ce personnage amnésique, apprenant pour ainsi dire en même temps que lui, tout au long d'un roman riche en surprises qui, le titre l'annonce, gravite autour d'une mystérieuse Eva. Mais tout n'est pas fini: un tome 3 est d'ores et déjà sorti. 

Fabien Feissli, Eva, Genève, Cousu Mouche, 2018. 

Le site des éditions Cousu Mouche.

dimanche 20 juillet 2025

Dimanche poétique 700: Paul Verlaine

En bateau

L'étoile du berger tremblote
Dans l'eau plus noire et le pilote
Cherche un briquet dans sa culotte.

C'est l'instant, Messieurs, ou jamais,
D'être audacieux, et je mets
Mes deux mains partout désormais !

Le chevalier Atys, qui gratte
Sa guitare, à Chloris l'ingrate
Lance une oeillade scélérate.

L'abbé confesse bas Eglé,
Et ce vicomte déréglé
Des champs donne à son coeur la clé.

Cependant la lune se lève
Et l'esquif en sa course brève
File gaîment sur l'eau qui rêve.

Paul Verlaine (1844-1896). Source: Bonjour Poésie.

lundi 14 juillet 2025

Charles Gancel, six fois des non-dits en cascade

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Charles Gancel – C'est pour moi une surprise totale que ce recueil de nouvelles signé Charles Gancel: "L'inaccessible". Six textes de l'auteur s'y retrouvent, bien développés. Il serait cependant faux de penser, sur la simple vision de la couverture, qu'il n'y sera question que de sensualité habillée de flou. Outre les relations entre humains, l'auteur fait aussi revenir le thème de la création, en particulier musicale, et son aspect potentiellement transgressif.

Il y a bien sûr des histoires d'amour dans "L'inaccessible", ou des destins de couples contrariés, et surtout des non-dits à la pelle. On pense à "L'inaccessible", nouvelle éponyme, qui évoque ce sentiment qu'on peut ressentir, jeune homme, que telle contemporaine est absolument inaccessible et que face aux sentiments ressentis, le râteau est assuré. Terrible nouvelle? Certes: c'est pourtant en milieu de vie que l'amoureux transi mesure l'écart entre les sentiments qu'il a éprouvés et ceux vécus naguère par l'autre. De la part de l'adolescent amoureux devenu adulte, valait-il vraiment la peine d'en avoir le cœur net?

De l'amour, on en trouve aussi dans la très citadine nouvelle "Un jour à Manhattan", évocateur d'une artiste cosmopolite riche et prolixe, Mayia, et d'un écrivain sec logés ensemble dans un loft aux volumes généreux à New York. Il y a de la couleur ici, portée par les toiles encore méconnues de Mayia. Outre le dessin du lien plus ou moins amoureux qui les relie, l'auteur trace aussi une ville de New York dangereuse où l'on risque de mourir à tous les coins de rue.

Cette anarchie urbaine fait écho à celle qu'on peut imaginer dans la Moscou que l'écrivain décrit dans "Un rat": c'est une nouvelle qu'on imagine située dans les années Eltsine, temps d'un capitalisme anarchique que son successeur, Vladimir Poutine, a su mettre au pas. "Un rat" captive selon les ficelles classiques d'un film d'action: un tueur à gages chargé de descendre un oligarque se retrouve distrait par un rat au moment fatal. Quant au rôle de sa comparse, son rôle véritable constitue le dernier twist de cette nouvelle surprenante peuplée d'opportunistes et de personnages en rupture de ban.

L'auteur réussit même à dessiner l'histoire d'un crime parfait, qui se déroule dans des circonstances particulières (et originales, pour le coup), réunies quelque part en France profonde. "La retenue" interroge ce que peut ressentir une femme poussée à bout par un mari "pas facile", également après qu'elle soit passée à l'acte. Le mari est certes un salaud, et l'auteur ne l'épargne guère. Mais son absence est-elle vraiment agréable sur le long terme, même après le passage de flics pas très curieux? 

Quant à "Le foulard", c'est la nouvelle la plus marquée par le motif de la création musicale et de ses affres, que les artistes connaissent: il s'agit d'écrire des chansons sur tel ou tel texte, mais voilà: par temps de canicule, logé à la campagne, le compositeur ne sait qu'écrire une comptine apparemment géniale, mais qui n'aura rien à voir avec ce qui est demandé – et surtout pas avec les textes "sociétaux" de l'interprète et parolière. Enfin, il y a quelques réserves à relever au sujet de "Une partie de chasse", au début assez confus: l'auteur décrit insuffisamment le monde dystopique qu'il entend mettre en scène, et laisse, pour le coup, le lecteur sur le côté de la route: qui sont ces "primitifs urbains", abrégés "P. U." tant recherchés?

Peu à peu, le lecteur découvre des textes qui, chacun à sa manière, prennent le temps de se construire dans des contextes variés où plus d'un personnage a quelque chose à cacher à ses contemporains. Voilà une découverte intéressante.

Charles Gancel, L'inaccessible, Paris, Buchet-Chastel, 2017.

Le site des éditions Buchet-Chastel.

Egalement lu par IrethJérôme, Jess Swann, La république des livres, Lili Matoline.

dimanche 13 juillet 2025

Dimanche poétique 699: Matthieu Corpataux

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Des Sahara entiers
Il faut bien que quelques grains
Sortent. Ils auront le goût des sablés
Que Cécile sortait du chapeau

Ou le goût de ta peau
Que j'observe la nuit
Qui me donne le tournis
Qui délivre un dépôt

Matthieu Corpataux (1992- ), Sucres, Vevey, Editions de l'Aire, 2020.

samedi 12 juillet 2025

Saint-Valentin, soir du crime

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Jean-Marie Reber – On peut faire plein de choses le soir de la Saint-Valentin. Être assassinée n'est sans doute pas la plus joyeuse, surtout lorsqu'on se promet de passer du bon temps avec son (ou ses) amoureux. C'est pourtant ce qui est arrivé à Sylvie et Chloé, les deux victimes même pas majeures autour desquelles tourne le roman policier "Les meurtres de la Saint-Valentin" de Jean-Marie Reber. Et c'est l'inspecteur Fernand Dubois, quinquagénaire marié et père de deux jumeaux, les "jujus", qui va mener l'enquête...

En début de roman surtout, l'écrivain a le chic pour dessiner l'imaginaire de la Saint-Valentin: il y a ceux qui ne la fêtent pas, ceux (et surtout celles) qui ont de grandes attentes. Et aussi ce qui peut se passer en famille: des enfants qui poussent leurs parents à marquer le coup – et des policiers obligés d'abréger des festivités qui auraient pu être fort sympathiques ma foi. Il y a des fleurs dans ce roman, une bague de fiançailles aussi. Et plus largement, au fil des pages, des réflexions sur l'amour en général, sur ses faux-semblants intéressés, et sur des ressentis troubles qu'on avoue difficilement.

Qu'on ne se méprenne pas: il n'y a pas une goutte d'eau de rose dans "Les meurtres de la Saint-Valentin". L'auteur conduit une intrigue policière classique et rigoureuse, pilotée par un Fernand Dubois habile psychologue, cultivé, pragmatique voire ferme. Les personnages impliqués, voire suspects? Il y en a bien quelques-uns, et la passion peut être leur mobile. L'auteur excelle à créer des profils variés: un Don Juan à l'italienne ou sa femme, un adolescent boutonneux, un Yougoslave à flingues et à chien. Il recrée leurs interrogatoires successifs, formels ou non, en ayant le souci de les rendre réalistes: une vieille dame déboussolée ne répondra pas de la même manière qu'un bellâtre sûr de lui mais qui a quelque chose à cacher. Des gardes à vue? L'inspecteur les décrète de façon stratégique.

Quant aux victimes, le lecteur va aussi en apprendre de belles sur elles, en particulier sur Sylvie. L'auteur excite la curiosité en mettant en évidence, par exemple, le fait que Sylvie, lycéenne, s'affiche avec des vêtements et accessoires largement au-dessus de ses moyens: on la sent dégourdie, voire vénale, au fil des pages. Et dans le tandem d'amies qu'elle constitue avec Chloé, c'est elle qui mène le bal. Même pour faire des trucs pas avouables?

Les deux premiers chapitres exposent en détail les dernières heures de Sylvie et de Chloé – un chapitre chacune. L'auteur profite de ces pages pour créer deux scènes d'exposition réussies: le lecteur a toutes les cartes en main pour voir, savoir, deviner comment l'intrigue va évoluer, loin de toute surprise bancale. Et en fin de roman, l'auteur a l'habileté de faire des funérailles de Sylvie et Chloé le lieu où sont venus les suspect mis hors de cause, comme un rappel: souviens-toi, tu l'as cru coupable! Le pied-de-nez au lecteur qui s'est laissé avoir par les fausses pistes est impeccable.

On referme "Les meurtres de la Saint-Valentin", polar neuchâtelois sans se l'avouer, en gardant le souvenir d'un roman faussement tranquille, qui monte peu à peu en tension et accroche au gré de dialogues ciselés et rythmés tout en s'intéressant de près aux âmes toujours un peu grises de ses personnages. 

Jean-Marie Reber, Les meurtres de la Saint-Valentin, Hauterive, Editions Attinger, 2015.

Le site des éditions Attinger.

Egalement lu par Francis Richard.

jeudi 10 juillet 2025

Le passage des souvenirs obscurs

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Christophe Jamin – Il y a un "Passage de l'Union" à Bulle, la petite ville où j'ai fait mes écoles. Il n'en fallait pas plus pour qu'à la Fête du Livre de Saint-Etienne, édition 2021, je m'arrête sur le roman, signé Christophe Jamin, qui porte ce titre. Son "Passage de l'Union" à lui se trouve à Paris, dans le septième arrondissement. Et l'auteur, avocat et professeur de droit, y relate, assumant le flou du romancier, des faits qu'il dit exacts.

Tout part d'une mission d'avocat qui lui est confiée: celle de défendre un jeune homme, personnage des nuits parisiennes, qui a tué. Celui qui fut lui-même un habitué des soirées sans fin à Paris, suivies de longues marches pour rentrer chez lui, constate peu à peu, à partir de faits troublants du dossier, qu'il touche à la grande histoire, et que le destin du jeune prévenu a peut-être partie liée avec le sien, et en particulier avec la chambre que son père lui a achetée, pour l'installer, au Passage de l'Union.

Pour ce qui est des pages sombres de la grande histoire, "Passage de l'Union" exhume en son cœur l'histoire bien réelle de "Monsieur Joseph", alias Joseph Joanovici, un Juif d'origine moldave qui s'est enrichi à Paris sous l'Occupation en faisant commerce de ferraille tant avec les Allemands, qui l'ont désigné Aryen d'honneur, qu'avec les Résistants. Qu'est devenue sa fille? On ne le saura pas, sans doute a-t-elle été déportée. Ses deux garçons, le blond condamné et son frère industrieux qui le soutient dans l'épreuve, sont toujours de ce monde au moment où se déroule l'intrigue – c'est-à-dire au terme du vingtième siècle.

Ce temps de l'Occupation apparaît, de façon étonnamment fantomatique et hallucinée, dans un roman narré de manière plutôt réaliste, à l'occasion d'une expédition en métro, au départ d'une station énigmatique. L'auteur y décrit une fête échevelée entre vedettes qui ont choisi le camp de la collaboration. Cela se passe chez Monsieur Joseph, et il y a peut-être un cadavre dans le coin.

Telle que décrite, la disparition de la fille évoque, et c'est souligné dans "Passage de l'Union", la disparition de Dora Bruder, point de départ d'un roman de Patrick Modiano. Cet écrivain, l'auteur ne le nomme jamais; mais c'est un personnage clé de ce roman, et sa description en piéton de Paris peu à l'aise avec la parole orale, désigné qui plus est comme futur prix Nobel de littérature, le rend immédiatement reconnaissable. 

Troublant roman que "Passage de l'Union", porté par des ambiances nocturnes chargées d'histoires, et qui va se terminer par quelques discussions entre le narrateur et certains membres de sa famille: faut-il remuer les secrets de famille et les vieilles histoires pour se tirer d'un déterminisme familial auquel on n'échappe de toutes façons pas? L'avocat qui se raconte dans "Passage de l'Union" verra, une fois que tout aura été dit, que lui aussi est le produit d'un passé plus ou moins conscient, psychologiquement digéré et restitué, sublimé à l'âge adulte. Même son rituel consistant à aller fleurir régulièrement la tombe de Me René Floriot dépasse en profondeur l'image superficielle d'une superstition d'avocat en devenir, admiratif face à un plaideur de talent.

Christophe Jamin, Passage de l'Union, Paris, Grasset, 2021.

Le site des éditions Grasset.

Egalement lu par Domi C Lire, Jules.