Marie Vareille – Et si tous vos projets d'avenir s'écroulaient d'un coup, terrassés par un avis médical négatif? A travers le personnage de l'adolescente Léa, talentueuse basketteuse promise à une belle carrière, c'est cette question que la romancière Marie Vareille aborde dans "Le syndrome du spaghetti".
Et c'est un riche roman que celui-ci: outre les choix que la vie propose ou contraint, il aborde des thématiques aussi diverses que l'éveil aux sentiments, l'envie d'appartenance quasi indissociable de l'adolescence, les frontières entre classes sociales, l'amitié et les rapports avec l'école comme avec les parents. Autant d'éléments typiques de l'adolescence, que la romancière cerne avec justesse.
Et comme note de fond, nous aurons le syndrome de Marfan, une maladie méconnue, donc sous-diagnostiquée, qui constitue un obstacle quasi insurmontable au développement d'une carrière sportive dans le basketball. C'est à ce diagnostic que Léa est confrontée, peu après la mort prématurée de son père, mort d'une insuffisance cardiaque qui a éveillé quelque soupçons. Que doit-elle faire de ce diagnostic et de cette hérédité?
Sensible à la psychologie humaine, lorgnant donc vers le feel-good, "Le syndrome du spaghetti" est décliné en quatre phases plus une, conformément au cycle humain d'absorption du changement: choc, déni, colère, reconstruction, acceptation. Dans son évolution au fil du roman, le personnage de Léa colle parfaitement à ce cycle, bien connu dans le domaine du change management et porteur, la romancière l'a parfaitement compris et exploité, de remarquables tensions dramatiques.
Ainsi, Léa s'accroche à son ballon et à son basket, quitte à s'enfermer dans un monde de mensonges à la hauteur des espoirs d'une carrière sportive qui semblant toute tracée et qu'elle nomme "le Map": les médicaments vont à la poubelle, et malgré le préavis très négatif de son médecin, Léa joue en douce avec son ami Anthony, génie méconnu du basket qu "jouotte" dans une banlieue déshéritée près de Paris.
Moins fléchée dans sa carrière, sa sœur, respectueuse des avis médicaux et psychologiques, fera plus rapidement son deuil; elle apparaît dès lors comme une forme de référence pour le lecteur, placé face à deux personnages, l'un obéissant, l'autre rebelle – cela peut paraître quelque peu schématique, tant il est vrai, et chacun peut ou pourra le constater à l'automne de sa vie, qu'aucun cycle de changement, a fortiori subi, ne vous laisse sans cicatrices plus ou moins purulentes.
La romancière entoure son personnage principal d'amis aux profils bien diversifiés, tout aussi attachants que Léa. A peine plus âgé que Léa, Anthony, rendu plus mûr par une existence qui ne l'a pas ménagé et par une envie de s'en sortir malgré une situation de départ difficile (mère dépassée, frère repris de justice), apparaît comme un grand frère pour Léa, qui l'utilise aussi comme une bouée.
Quant à Amel, également avide d'émancipation, elle apparaît comme le cerveau du tandem avec ses résultats scolaires brillants. L'auteure laisse cependant une question irrésolue à son sujet: que lui est-il arrivé lors de ses vacances en Algérie? Amel refuse d'en parler à Léa, avec vigueur. Au lecteur d'imaginer: le meilleur ou le pire?
L'écriture du roman "Le syndrome du spaghetti" est alerte et vive, comme la jeunesse sait l'être. Entre action et introspection, cet ouvrage accessible à tous les âges se fonde sur les ressorts de la psychologie humaine, rigoureusement appliqués à l'exemple d'une poignée de personnages arrivés à l'âge des choix. Et le syndrome du spaghetti, c'est quoi alors? Pour faire simple, c'est une philosophie développée, assez en profondeur, par Léa autour de sa maladie. A vous de la découvrir!
Marie Vareille, Le syndrome du spaghetti, Pocket Jeunesse, 2024.
Le site de Marie Vareille, celui des éditions Pocket Jeunesse.












