Vincent Karche – Une sortie en forêt, ça fait du bien, dit-on. Dans cette idée, j'ai eu en main, par le jeu des services de presse, l'ouvrage "Une sylvothérapie à pleine voix", signé du forestier-ténor Vincent Karche. Comment communier avec les arbres? L'auteur expose sa voie. Qui inclut sa voix...
Précisons avant tout les limites du présent billet: je n'ai pas eu la possibilité de m'adonner aux exercices décrits, ni, n'étant pas équipé pour ce faire (c'est mon côté low-tech) d'accéder aux compléments proposés sur simple scan d'un code QR. Il ne sera donc question ici que du livre papier, publié aux éditions Favre, et l'approche pourra peut-être paraître par trop cérébrale. Qu'on me le pardonne.
Le livre s'avère alléchant, et bien structuré aussi. Les premiers chapitres permettent ainsi au lecteur de découvrir le fonctionnement de ces grands inconnus que sont les arbres, qui vont jouer un rôle clé dans la démarche de sylvothérapie. Anatomie, physiologie: les curiosités sont satisfaites.
Il sera même question d'interactions entre arbres, l'auteur esquissant certains éléments des écosystèmes forestiers, certains arbres s'accommodant de l'ombre (le charme) alors que d'autres sont programmés pour aller vers la lumière (le chêne). Et enfin, l'auteur indique les vertus de certaines essences. Il ne masque pas sa tendresse pour le controversé pin Douglas, d'ailleurs.
Puis vient le jeu du sylvothérapeute proprement dit, et là, l'auteur partage certains de ses secrets. En particulier, son rituel SOIN, omniprésent fait figure de salutation aux arbres avec lesquels l'humain entend agir: un salut, une offrande – de quoi installer une relation d'échange (et non de captation) entre l'arbre et l'humain.
Puis l'auteur invite le lecteur à se livrer à plusieurs exercices prometteurs de bien-être et de partage, expliqués en détail. La particularité du sylvothérapeute Vincent Karche réside dans la présence du chant dans certains de ces exercices, qui font appel à tous les sens – il se fait ainsi le héraut de la "sylvoixthérapie". Ce "chant" peut aller du simple murmure jusqu'à un air d'opéra, en passant par des moments sonores improvisés.
Ces exercices sont le résultat de la pratique, l'auteur ayant été le premier à les mettre au point et à les partager, sur la base d'une expérience qui l'a amené aussi à côtoyer des ressortissants de Nations premières au Canada. Pour le lecteur, cette pratique est documentée par de nombreuses photos joyeuses ou insolites, mais aussi par un chapitre conclusif où, sur un ton volontiers émotionnel, l'auteur relate les moments les plus forts de son activité de sylvothérapeute.
Alors oui, on peut s'interroger sur l'évocation de déplacements en véhicules à moteur évoqués dans l'ouvrage: est-ce vraiment bénéfique pour ces forêts que l'on vient solliciter, où le lecteur est invité à mieux se régénérer et à entrer avec les arbres dans un dialogue sincère qui se conclura par un "merci"? Usager convaincu des transports publics, réputés moins polluants que le trafic motorisé plus ou moins individuel, j'ai été surpris de l'évocation de ce dernier, utilisé sans recul critique, même s'il faut concéder qu'il n'y a pas, et c'est heureux, une gare ferroviaire ou une station Vélib' à l'entrée de chaque forêt.
En somme, "Une sylvothérapie à pleine voix" fait partie de ces livres bien-être qui font envie, où un auteur fait part de sa démarche et n'hésite pas à inviter les personnes intéressées à venir vers lui. A essayer, alors? Pas sûr que cette démarche de contact rapproché avec les arbres et la forêt, méditative et tellurique, représente une panacée pour toutes et tous. Mais gageons, sur la foi des témoignages précisément relatés, que cela peut faire avancer l'un ou l'autre dans le grand bain de la vie, et débloquer plus d'un souci. C'est toujours ça de pris.
Vincent Karche, Une sylvothérapie à pleine voix, Lausanne, Favre, 2022. Préface d'Ernst Zürcher.
Le site des éditions Favre, celui de RandoLyric (les randonnées avec Vincent Karche).
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