Christophe Barraud – Lors d'une de ces baignades dans le Léman organisées en plein hiver et que certaines personnes adorent, un baigneur, Jacques, meurt. Est-ce un accident ou autre chose? Par routine, la police commence l'enquête. Et c'est ainsi que "La tête hors de l'eau" de Christophe Barraud commence.
L'eau est un élément omniprésent dans ce roman policier. Il y a celle du Léman à Vevey et celle du lac de Bret, celle des douches, mais aussi celle des larmes que plus d'un personnage verse, poussé à bout par une histoire qui met à rude épreuve des âmes honnêtes soudain dépassées. Et puis, garder la tête hors de l'eau, c'est ce qu'aimerait tant Delphine, patronne d'une agence de voyage dont la croissance a été fracassée par les années covid-19.
Delphine? C'est le personnage clé de "La tête hors de l'eau". L'auteur donne d'elle une impression complexe: victime des mesures covid-19 et de son impéritie, la voilà qui se retrouve embarquée dans des problèmes de gros sous, auxquels vient s'ajouter un procès pour homicide intenté par une cliente. Le lecteur la trouverait presque sympathique...
Mais voilà: l'auteur s'ingénie à troubler cette image en révélant que Delphine est dissimulatrice, menteuse, presque immature si l'on songe qu'elle a un mari, Xavier, et une fille, Lina. Là aussi, l'auteur sait installer de la tension afin d'accrocher le lecteur: il suffit de quelques répliques entre les conjoints pour constater que le couple dysfonctionne.
Enfin, il y a les symptômes dépressifs de Delphine, qui vont ponctuer la narration. Dès lors, question importante: peut-on aimer Delphine en tant que personnage? Celui-ci laisse des impressions contrastées.
Autour d'elle, le monde des humains se révèle plus ou moins ordinaire, avec un naturopathe qui anime des séances de plongée en eaux froides, une bonne copine nommée Karin et une équipe de police qui mène inexorablement son enquête, sentant que le décès de Jacques n'a rien d'accidentel. Et comme le bonhomme est précisément responsable de veiller à la bonne utilisation des compensations versées aux entreprises lésées par les mesures liées au covid-19, voilà que Delphine, endettée et mauvaise gestionnaire, apparaît en suspecte idéale...
Un dernier twist et "La tête hors de l'eau" offre à son lectorat la narration d'un crime parfait, porté par des circonstances favorables. De ce roman, on garde en mémoire le caractère habile, tendu, traversé par quelques scènes fortes liées à la psychologie d'une poignée de personnages au bord de la crise de nerfs, voire au-delà.
Christophe Barraud, La tête hors de l'eau, Epesses, Editions de la Rive, 2023.
Le site de Christophe Barraud, celui des éditions de la Rive.
Un livre qui a l'air passionnant et qu'on semble avoir du mal à lâcher.
RépondreSupprimerBonjour Caroline! En effet, c'est un petit roman captivant, fortement ancré sur les rives pas si calmes du Léman, du côté de Vevey. A découvrir! Je te souhaite un bon week-end!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerMerci pour ce retour ! Ravi de lire que le personnage de Delphine vous a laissé ce sentiment étrange, c'était le but recherché ;)
Au plaisir de notre prochaine discussion
Christiphe Barraud
Bonjour,
SupprimerDe rien, c'est avec plaisir! Merci pour les heures de lecture! Et ce fut un plaisir de vous rencontrer à nouveau hier à Prilly.
Cordiales salutations
On dirait bien que c'est un sans-fautes pour ce polar !
RépondreSupprimerBonjour Violette! Oui, c'est un court polar efficace, avec un personnage clé vraiment travaillé et complexe, à découvrir! Bon dimanche à toi!
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