Jean-François Thomas – Est-ce la mafia, ou pire encore, qui tire les ficelles de ce roman policier? L'écrivain suisse Jean-François Thomas signe avec "Le Cri du lézard" un polar littéraire original qui sait séduire son lectorat en le prenant par son péché mignon: les beaux et les bons livres.
"Le Cri du lézard" est en effet le deuxième roman mettant en scène l'ancien inspecteur Cyriel Sivoni, reconverti dans la bouquinerie après une enquête tortueuse relatée dans un ouvrage précédent, "Une semaine à tuer", dont les échos résonnent dans cette nouvelle intrigue – cependant tout à fait lisible indépendamment de l'autre.
D'emblée, l'auteur plante le décor de cette bouquinerie située à Vevey, où Cyriel Sivoni s'active depuis le décès de son père, qui en était le patron. L'auteur sait en recréer l'ambiance dans ses détails: des visiteurs assez rares, souvent curieux, parfois acheteurs, parfois même mystérieux. Sans oublier un joyeux désordre qu'il s'agira de ranger, évoqué dès l'incipit – c'est dire l'importance de cette mission pour l'intrigue.
Cette activité de rangement physique de la bouquinerie va correspondre, pour Cyriel Sivoni, à un épisode de mise au clair de sa propre vie. C'est en effet en rangeant la librairie qu'il va découvrir qu'en héritant de ce commerce apparemment tranquille, il a également hérité d'un petit tas de secrets qui remettent en question la cause du décès paternel: crise cardiaque, vraiment?
Dès lors, le lecteur suit un jeu de piste fait d'indices découverts çà et là: une clé, de vieux papiers, des détails sur des photos prises par la fille du personnage principal, et aussi des clients bizarres derrière leurs airs patelins. L'auteur recourt d'abord au symbole de la pieuvre, suggérant que le bouquiniste décédé aurait été victime d'un chantage mafieux.
A moins que ce ne soit plus grave? Mettant en œuvre l'idée que "flic un jour, flic toujours", l'auteur pousse Cyriel à se montrer curieux. Et le lecteur le suit volontiers, au fil de chapitres brefs qui font la part belle aux références littéraires. Cela, jusqu'au frisson: au fil des pages du roman "Le Cri du lézard", l'auteur mentionne des livres interdits, voire des ouvrages qui peuvent tuer. Cela, en jouant habilement avec les légendes qui entourent certains incunables, considérés comme perdus ou fictifs.
Et si le début de ce roman apparaît faussement tranquille, c'est qu'il prend aimablement son temps pour installer le décor, les ambiances et les parfums. Il ouvre même la porte à la possibilité d'une intrigue amoureuse pour injecter un supplément d'émotion dans ses pages, qui s'achèvent dans le bon ordre, révélant enfin, en épilogue, toute la vérité sur la mort d'Agénor Sivoni, père de Cyriel. Tout cela, pour captiver le lecteur en le prenant, et pas qu'un peu, par les sentiments.
Jean-François Thomas, Le Cri du lézard, Sainte-Croix, Bernard Campiche Editeur, 2024.
Le site des éditions Bernard Campiche.
Egalement lu par Francis Richard.
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