Alexandre Schoedler – Alexandre le Grand n'a pas encore livré tous ses secrets aux historiens d'aujourd'hui, loin s'en faut: des incertitudes persistent quant aux conditions de son décès, et son tombeau est considéré comme perdu. C'est ce monde d'incertitudes que l'écrivain Alexandre Schoedler explore dans "Alexandre le Grand, l'assassinat et la tombe perdue", un roman historique aux contours étonnants.
Celui qui s'attend en effet à une biographie romancée et immersive du roi de Macédoine sera sans doute déçu. L'auteur, en effet, s'attache davantage à mettre en scène quelques chercheurs spécialisés, à commencer par l'écrivain marseillais Octave Borelli (1849-1911) et à retracer, sur une période qui couvre le vingtième siècle, ce que l'on sait aujourd'hui d'Alexandre le Grand, et ce que l'on suppose. L'ambiance est donc mondaine et érudite à la fois, et le lecteur se sent bien mis en situation lorsqu'il voit apparaître des célébrités familières telles que Sarah Bernhardt ou Pierre Loti.
Reconstruite par des personnages de naguère ou d'aujourd'hui, privilégiant les longs dialogues, la narration semble dès lors distancée. Telle est la distance des siècles, entre un personnage historique que tout un chacun croit simplement connaître et ceux qui, l'évoquant, témoignent d'un intérêt marqué pour Alexandre le Grand. Ces personnages incluent, actuellement, quelques passionnés qui s'intéressent par ailleurs au destin de Louis XVII, qui, estiment-ils, n'est peut-être pas mort comme le racontent les historiens. C'est dans ce cadre que l'auteur de "Alexandre le Grand, l'assassinat et la tombe perdue" se met lui-même en scène.
Dès lors, l'évocation des derniers jours d'Alexandre le Grand, des tribulations de son tombeau et des années de guerre civile qui ont suivi sa mort prennent l'allure d'un vaste flash-back, que l'auteur alimente de nombreux détails: il n'est pas toujours évident de s'y retrouver dans le labyrinthe des alliances et trahisons qui se font jour entre les "diadoques", généraux qui se sont partagé l'empire d'Alexandre le Grand dans un souci égoïste constant de tirer la couverture à soi. Dès lors, l'hypothèse, jugée minoritaire, d'un assassinat par empoisonnement, commis par des jaloux, reprend des couleurs selon l'auteur. Les pages qui tentent d'identifier le poison qui aurait pu tuer Alexandre le Grand ont dès lors le goût d'un chapitre de polar – celui qui relate la visite rituelle chez le médecin légiste.
Il est certes permis de regretter, d'un point de vue éditorial, les coquilles et les maladresses de plume que contient "Alexandre le Grand, l'assassinat et la tombe perdue", qui apparaît dès lors comme un texte publié brut de décoffrage. Sur le fond, le lecteur intéressé aurait aussi apprécié quelques références bibliographiques, voire, pourquoi pas, davantage d'images: l'auteur laisse entendre qu'il dispose d'archives privées.
A la fois récit historique et témoignage personnel, ce livre a cependant le mérite de projeter, en suivant en particulier l'érudit Octave Borelli, un éclairage original sur un personnage historique dont tout le monde connaît le nom, qui fait partie des meubles comme on dit, mais dont le destin, dans ses détails, est largement oublié. Une suite? L'auteur la promet dans une note en fin d'ouvrage. Gageons qu'elle sera encore plus instructive que "Alexandre le Grand, l'assassinat et la tombe perdue".
Alexandre Schoedler, Alexandre le Grand, l'assassinat et la tombe perdue, Paris, Hello Editions, 2022.
Le site de Hello Editions.
Lu en partenariat avec simplement.pro.
L'approche me plaît bien et semble permettre d'aborder ce grand personnage différemment, mais c'est dommage pour les coquilles. Je n'ai jamais été très tolérante avec ce genre de choses...
RépondreSupprimerBonjour Audrey! En effet, les coquilles et autres erreurs sont nombreuses, comme si l'éditeur s'était contenté d'imprimer un premier jet. C'est dommage, compte tenu de l'approche qui se veut novatrice. Je te souhaite un bon week-end!
SupprimerPlaignez vous à l'éditeur qui,visiblement,n'a pas fait son travail.
RépondreSupprimerMerci de votre message! Qui êtes-vous?
SupprimerBonjour Mr Fattorious,
RépondreSupprimerJe suis un libraire sur la Côte d'Azur. J'ai eu le plaisir de recevoir l'auteur de ce livre en dédicace. Et vu son succès je l'ai gardé en rayon. Par contre, je l'ai lu et j'ai trouvé que son éditeur n'a pas fait son travail de correction correctement. Ce qui est dommage car cela est dommageable pour l'auteur. Quand j'ai commandé de nouveaux exemplaires à l'éditeur j'en ai profité pour lui téléphoner. J'ai eu des réponses évasives. Pour ma part je trouve que cet éditeur ne mérite pas un récit historique de cette qualité de recherche. Je conseille vivement à l'auteur d'en changer. Car visiblement cet éditeur ne respecte pas ses auteurs, ni les futurs lecteurs.
Merci de votre retour, cher libraire anonyme! J'ai supprimé ma réponse par erreur, j'y souhaitais bonne chance à l'auteur pour trouver un bon éditeur et collaborer avec lui, étant entendu que la publication d'un livre est un travail d'équipe.
SupprimerBonne fin de semaine à vous!
Personnellement j'ai trouvé ce roman passionnant. Avec un très beau style d'écriture. J'ai appris beaucoup de choses sur ce conquérant. C'est loin des clichés du cinéma. Je conseille ce livre. Je n'y ai pas trouvé de coquilles notables. De toute façon il reste toujours quelques trucs . Je donnerai ici l'exemple du roman de Catherine Pancol " les écureuils de Central Park",pourtant publié chez Albin Michel, et qui comporte certaines coquilles. Ce qui ne m'a pas empêché d'en savourer l'histoire. Nath.
RépondreSupprimerBonjour Nathalie, merci de votre commentaire et de votre passage par ici! Côté coquilles, il n'est évidemment pas dans mes habitudes de les relever (en effet, rares sont les livres qui en sont totalement exempts!), à moins qu'elles ne soient si nombreuses qu'elles finissent par altérer l'expérience de lecture, ce qui était le cas avec cet ouvrage. Ce qui est dommage, car, et je vous rejoins, la matière était passionnante. Bonne journée à vous!
SupprimerBJ, moi non plus je ne relève pas les détails de coquilles. Je n'en ai pas trouvé plus que dans d'autres livres. Nath .
RépondreSupprimerMerci de votre retour et tout de bon à vous! Nous sommes donc sur la même longueur d'onde. Je vous souhaite d'agréables lectures.
SupprimerBsr cher monsieur, dans votre critique vous dites qu'il n'y a pas d'images dans le livre. C'est incorrect, il y a le daguerréotype du découvreur. Et les images d'Alexandre le Grand sur des pièces rares. Bonne soirée. Nath.
RépondreSupprimerBonjour! Pas faux, pour les images; j'ai précisé.
SupprimerSur ce, je n'y reviendrai plus. Merci de vos précisions et bonne fin de semaine à vous!
J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre. Un auteur à découvrir pour sa plume et son immense talent. Je vais lire la suite avec joie.Pas besoin de bibliographie ,c'est l'auteur qui mène l'enquête a travers ses personnages.
RépondreSupprimerBonsoir Sébastien! Si c'est un pur roman, en effet, pas besoin de bibliographie. Mais si, comme le laisse entendre l'auteur, il y a des révélations historiques importantes, ce serait intéressant de savoir quels sont les fondements de ses affirmations. Merci de votre commentaire et bon week-end à vous!
SupprimerBonjour, vous avez déjà la réponse puisque vous l'avez lu. Ce n'est pas du tout un roman. Vous avez dû remarquer comme moi que l'écrivain cite les noms de ses sources antiques. Ainsi que les personnages historiques qui ont assisté à cette conspiration des généraux à Babylone. C'est ça qui est fascinant. Tout cet arrière plan qu'on ne trouve pas dans les biographies classiques qui se bornent à nous informer que le roi est mort. On ne sait de quoi . Sans faire de recherches ! C'est le point fort de ce récit je pense. Puisque l'enquête quasi policière comme vous dites, de ce livre révèle les mobiles et la méthode. J'ai été conquis.
RépondreSupprimerBonsoir! Justement, il aurait été intéressant d'avoir quelques pistes bibliographiques pour aller plus loin – d'historiens qui, précisément, cherchent à éclairer les zones d'ombre de la vie d'Alexandre le Grand: il doit bien y en avoir (et si vous avez été conquis, vous êtes sans doute curieux à présent!). Quant à ce livre, on peut le situer entre le documentaire et le roman: sur la base de quelques hypothèses scientifiques (il pourrait y en avoir d'autres), l'auteur recrée des scènes et rencontres sans qu'on sache si elles se sont réellement produites comme elles ont été décrites. Dès lors, c'est la vraisemblance qui prime. Tel est l'un des jeux du roman historique. Bonne soirée!
SupprimerLu votre critique à l'instant, je ne suis pas d'accord avec votre argumentation d'un "texte brut de décoffrage " il suffit d'avoir une bonne culture générale. Moi je me suis très vite immergé dans le livre. Il faut aussi aimer découvrir l'histoire. Ce n'est pas du Fantazy ou du Chick lit. Avec pop corn pour les cerveaux vides.
RépondreSupprimerA chacune et chacun son avis...
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