Brigitte Aubert – Le mari d'Emilie, Arnaud, est-il un nouveau Barbe-Bleue? La question traverse tout le roman policier "Reflets de sang" de Brigitte Aubert. C'est curieux, en effet: tout d'un coup, il y a plein de morts dans l'entourage d'Arnaud. Et ce sont à chaque fois de belles filles, actives dans le monde du mannequinat et des arts du côté de Paris.
Rappelant discrètement certains contes d'antan, "Reflets de sang" dessine deux enquêtes parallèles. De façon classique, il y a l'enquête policière bien sûr, menée entre autres par un beau gosse qui ne laisse pas Emilie indifférente: "Le Petit Cerdan".
Emilie? C'est elle, justement, qui est le moteur de la deuxième enquête: vivant dans le manoir de son mari, elle se montre curieuse et l'explore tout en y faisant le ménage. Et ses aspects étranges vont rapidement lui sauter aux yeux: un cimetière d'animaux, un cabinet avec une chaise fixée au sol dont la porte ne s'ouvre pas de l'intérieur. Ces explorations favorisent l'installation d'une ambiance doucement inquiétante.
Au fil des pages, le lecteur peut s'agacer de la personnalité d'Emilie, qui fait figure de jeune fille riche superficielle, passant ses journées à voir sa sœur ou ses amis de la bohème friquée (on pense à l'artiste Diego, Cubain et homosexuel assumé, personnage haut en couleur) et à se laisser vivre au rythme du shopping et des cafés branchés qu'on trouve du côté de la Madeleine. Un élément vient cependant rendre ce personnage attrayant: sa capacité d'imagination, propice à l'émission d'hypothèses délectables pour le lecteur, jusque dans leurs excès.
Et contrairement à ce que suggère une critique parue dans "Le Temps", ce roman n'est pas spécialement gore. Travaillé avec succès dans le souci de recréer une atmosphère d'inquiétude constante, "Reflets de sang" balade son lectorat dans les milieux chics parisiens, y compris, même si cela représente qu'une petite part de l'intrigue (mais importante), les milieux sadomasochistes.
L'écriture, quant à elle, s'avère fluide et alimentée par un soupçon bien placé d'esprit et de malice, en particulier dans les dialogues. Mise au service d'une intrigue solide, elle assure que "Reflets de sang" sera un bon divertissement et un roman qui saura captiver ses lecteurs.
Brigitte Aubert, Reflets de sang, Paris, Points, 2009.
Le site des éditions Points.
Lu par Marie France.
Il me semble avoir lu au moins un roman de Brigitte Aubert, il y a quelques années, mais je ne me souviens plus lequel ou lesquels.
RépondreSupprimerCelui-ci m'aura fait passer un bon moment, finalement! Je reviendrai peut-être à cette romancière à l'occasion.
Supprimerun bon polar à noter, quoi !
RépondreSupprimerBonsoir Violette! En effet, c'est un chouette roman, avec ce qu'il faut de suspens, sans être plombant pour autant, grâce à la personnalité imaginative de son personnage principal.
SupprimerBonne lecture et bonne soirée à toi!
J'avais beaucoup aimé Brigitte Aubert à une époque et puis je l'ai un peu perdue de vue. Je tenterais bien ce livre pour renouer avec son univers.
RépondreSupprimerBonjour! Quant à moi, ce fut une pure découverte: c'est son premier titre que je lis. Mais il faudra que j'y revienne, à l'occasion. Bonne semaine et bonnes lectures à toi!
SupprimerJ'aime beaucoup ce genre d'atmosphère inquiétante. Merci pour la découverte étant passée à côté de la sortie de ce roman.
RépondreSupprimerBonjour Audrey, de rien - et merci pour ce commentaire! Ce roman date un peu, mais il se laisse toujours lire avec beaucoup de plaisir.
SupprimerBonnes lectures et bonne journée à toi!