Carine Marret – Le temps qui passe constitue la ligne de force de "Morte-saison sur la Jetée-Promenade", premier polar de l'écrivaine Carine Marret. C'est aussi le premier roman du cycle "Tempus Fugit", qui met en scène un commissaire esthète: Jean Levigan. Enfin, si court qu'il soit, c'est, pour les nostalgiques de la promenade des Anglais, un beau roman sur la ville et les ambiances de Nice.
Le temps? En signalant de temps à autre le jour et l'heure de l'action, l'auteure rythme celle-ci, tout en la situant en plein hiver, soit dans la morte saison touristique, cette période où les Niçois se réservent leur ville alors que les touristes sont ailleurs. Tout commence le 31 janvier, en effet, et s'achève le 19 février.
L'idée de la variabilité du temps est présente aussi. Les journées peuvent paraître longues pour Jean Levigan, en effet: celui-ci vit mal la disparition subite d'un être cher nommé Laura, parfaite arlésienne de "Morte-saison sur la Jetée-Promenade": elle ne reviendra pas en fin de roman, ce qui constitue la promesse d'une suite. Mais simultanément, les journées du policier sont si chargées qu'on les imagine rapides à défiler: rencontres de suspects et témoins, sauts de puce à Paris, etc.
Enfin, le temps est symbolisé de façon concrète par la montre du mort avec lequel tout commence, et qui sera le seul objet permettant de l'identifier. Et quelle montre: c'est une Breguet, un modèle chic et onéreux, traçable qui plus est: c'est elle qui va permettre de mettre un nom sur le cadavre, retrouvé lors de fouilles autour de l'ancien casino de la Jetée-Promenade, établissement mythique et maudit de la vie mondaine niçoise d'antan.
Et c'est dans le milieu de la petite horlogerie, décrit comme propice aux trafics, que l'enquête va se développer, avec la rencontre d'un artisan peu scrupuleux qui a connu un brillant chirurgien disparu dans des circonstances peu claires après le décès d'une patiente, Emma, à 21 ans. L'écheveau que Jean Levigan et son équipe devront démêler comprend dès lors des identités maquillées, des éléments d'enquête au Canada et même une histoire d'amour. Cela, sans oublier une figurine de chien en cristal, façon Swarovski.
"Morte-saison sur la Jetée-Promenade" est un roman policier solide qui met en scène une équipe de police bien rodée, autour d'un commissaire qui se caractérise par sa grande taille et son appétence pour les belles choses et la culture: envisager de manquer un concert consacré à Chopin à l'opéra de Nice le peine. C'est aussi un roman qui fait le lien entre le Nice disparu, celui du casino, et celui en train de se construire au moment où il a été écrit: la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, encore en chantier, y fait d'ores et déjà partie du paysage. Cela, sans oublier, pour l'ambiance, des lieux familiers des touristes comme des Niçois comme le cours Saleya ou le quartier de Cimiez.
Carine Marret, Morte-saison sur la Jetée-Promenade, Nice, Baie des Anges, 2011.
Le site de Carine Marret, celui des éditions Baie des Anges.
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