Jean-François Fournier – Une expédition hallucinée à travers l'Europe des arts, ça vous dit? Cela, sur la piste d'un lévrier espagnol, d'un "galgo"? Alors, "Un Galgo ne vaut pas une Cartouche" est fait pour vous. Et c'est le journaliste et écrivain suisse Jean-François Fournier qui organise le voyage.
La construction de "Un Galgo ne vaut pas une Cartouche" a ceci de remarquable qu'elle se pose quelque part entre la nouvelle et le roman. Chaque chapitre met ainsi en scène un lieu, un personnage et une action distincts, se suffisant à eux-mêmes. Cela dit, le chien Lady Canela, blanc avec des oreilles couleur cannelle, assure le fil rouge du livre, passant d'un personnage à l'autre tel un relais. Et c'est son histoire, pas forcément joyeuse, qui servira d'épilogue.
Tout commence du côté de l'Espagne, avec un premier chapitre dense et dingue qui met en scène un torero de salon, ivre de ce qu'il pourrait faire dans l'arène, capable de surprendre ceux qui l'observent reproduisant les gestes du picador dans la rue. Rédigé à grand renfort de termes de métier, ce chapitre fou concentre en quelques pages sonores l'imaginaire de la tauromachie, sans jugement. Surtout, il contient en germe tout ce que le lecteur va trouver dans ce livre: les villes, l'art, la littérature et la décadence.
L'auteur, en effet, aime mettre en scène des personnages de viveurs, placés dans des situations où l'argent s'écoule pour les plaisirs fugaces que peuvent procurer les cigares, les bons alcools ou les femmes d'une nuit. Ces personnages constituent une république des arts où se côtoient artistes bohèmes ou arrivés, négociants et riches collectionneurs.
Ces contextes auxquels on n'accède qu'en payant cher, ou alors par effraction, l'auteur les décrit en particulier en citant les marques des produits évoqués, voire en les décrivant d'une manière somptueuse qui, quelque part, caricature, entre autres, le caractère quasi ésotérique d'un certain journalisme consacré à l'œnologie.
Zurich, Genève, Marseille, Paris, Madrid, Prague: tout un monde artistique se fait jour dans "Un Galgo ne vaut pas une Cartouche". Le voyage donne entre autres à voir les efforts de telle cantatrice pour être à la hauteur du rôle-titre de la "Norma" de Bellini à la Scala de Milan, mais aussi les croquis d'un artiste qui, de son hôtel miteux, cherche à percer. Et donne à voir la silhouette flamboyante d'une Europe artistique qui, entre ombres et lumières, n'a pas encore dit son dernier mot.
Jean-François Fournier, Un Galgo ne vaut pas une Cartouche, Dole, Olivier Morattel Editeur, 2023.
Le site d'Olivier Morattel Editeur.
Lu et commenté aussi par Francis Richard.
Celui-là par contre, je le sens bien comme livre ! Voyager avec de presque nouvelles, c’est pour moi même si certaines semblent un peu loufoques.
RépondreSupprimerBonjour Thaïs! En effet, il se passe parfois des choses un peu folles dans ce livre, situé entre nouvelle et roman. C'est à découvrir!
SupprimerBonne journée et bonne lecture à toi!