Camille Laurens – Avec l'autofiction "Romance nerveuse", l'écrivaine Camille Laurens embarque ses lecteurs dans le récit échevelé d'une histoire d'amour parfaitement rock'n'roll: celle qu'elle a vécue avec un paparazzi bien borderline, Luc.
Cela, sans oublier la vie d'écrivaine en quête d'un éditeur. En effet, "Romance nerveuse" est aussi le récit d'une rupture éditoriale qui retranscrit librement le scandale littéraire né à l'époque autour du roman "Tom est mort" de Marie Darrieussecq.
"Romance nerveuse" se divise en deux parties, écrites chacune d'un seul souffle, sans chapitres, avec des dialogues rarissimes et de longs paragraphes. Lorsque le lecteur voit les mots emplir les pages, il ne peut dès lors s'empêcher de songer que la romance vécue, torturée et tumultueuse, emplit toute la vie de la narratrice.
Une narratrice qui s'appelle Camille comme l'auteure. Mais voilà: Camille Laurens est un nom de plume, celui de Laurence Ruel. Dès lors, la narratrice paraît se dédoubler en mettant en scène Ruel, une sorte de mauvaise conscience pragmatique et sérieuse qui intervient, ironique, un peu à tout moment mais surtout lorsque la narratrice, Camille donc, s'apprête à faire une folie.
Luc, quant à lui, est un personnage haut en couleur qui a déjà vécu mille vies. Parfaitement invivable – on dirait "toxique" aujourd'hui –, il souffle constamment le chaud et le froid. A l'avenant, les phrases sont souvent longues mais haletantes au gré de virgules qui accélèrent la narration. L'écrivaine s'autorise les jeux de mots et les citations de chansons pour donner à lire la sensation de complicité qui lie malgré tout les deux personnages. Ainsi se développe, au fil des pages, une poésie passionnée et débridée, sonore et puissante.
Et que sont ces statistiques en début et en fin de roman? Il est permis de les voir comme une description du monde dans lequel s'inscrit cette romance. Celle-ci, dès lors, peut être vue comme une tentative, pour deux êtres humains, d'être un peu plus que des chiffres affolés sur un écran. Ce qui s'appelle vivre, tout simplement, et donner sa chance aux sentiments qui donnent du goût à l'existence.
Camille Laurens, Romance nerveuse, Paris, Gallimard, 2010.
Le site des éditions Gallimard.
Lu par Francis Richard, Jean-Gérard Lapacherie.
"Un paparazzi borderline" Presque un pléonasme...
RépondreSupprimerLe roman, ou plutôt sa forme d'autofiction, est intrigant bien qu'éloigné de ce que j'ai l'habitude de lire.
Bonsoir Audrey, et merci beaucoup pour ton commentaire!
SupprimerOui - là, le paparazzi est vraiment grave! L'auteure s'est fait une spécialité du genre de l'autofiction, et c'est une belle plume dont j'ai lu deux livres fort différents.
Bonne soirée et bonne fin de semaine à toi!