Michaël Perruchoud – C'est reparti pour une nouvelle Grande Boucle! Pour le deuxième volume de sa série des "Plus grands Tours de France", l'écrivain suisse Michaël Perruchoud propose une balade sur le parcours du Tour de 1923. Son titre? "1923 – Bien le bonjour de la Ficelle". Sa structure est analogue à celle du premier tome, "1910 – Le géant désarçonné" et adopte un ton qui, comme dans "Bartali sans ses clopes", se fait fort de s'adresser aussi aux personnes peu au fait du monde du cyclisme.
Consacrée au "décor", la première partie installe tout un contexte, de façon synthétique. Le Tour de 1923 voit circuler un certain nombre de cyclistes qu'on a déjà vus lors des épreuves d'avant-guerre: ce sont ceux qui ne sont pas morts au champ d'honneur. De son côté, l'organisateur, Henri Desgrange, ne sait plus quoi imaginer pour rendre le Tour de France encore plus fou: les distances deviennent presque inhumaines.
Quelques figures émergent dans le récit. Il y a d'une part les frères Pélissier, Francis et Henri, dont l'auteur dessine une relation où Henri, dit "La Ficelle" à cause de son physique longiligne, a l'expérience pour lui. Face à lui, un cycliste italien bon teint: Ottavio Bottecchia. L'auteur brille dans les portraits de l'Italien et de la Ficelle, et dessine à nouveau leur parcours sous la forme d'un duel pas toujours très loyal.
C'est un Tour sale que l'auteur décrit, en effet, un tour où les concurrents sont empoisonnés, peut-on supposer, ou harcelés. C'est un Tour où il devient difficile de maintenir l'idée que les cyclistes doivent se débrouiller seuls avec leur monture tout au long du parcours, quitte, comme ce fut le cas plus tôt dans l'histoire du Tour, lorsqu'Eugène Guillaume, dit "Le Vieux Gaulois", réparait lui-même la fourche de son vélo dans une forge trouvée sur l'itinéraire. C'est aussi, l'auteur l'esquisse, une Grande Boucle où émerge un cyclisme plus tactique.
Sale, le Tour 1923 l'est aussi lorsqu'on évoque le destin des cyclistes évoqués au fil des pages. On reprochera à Ottavio Bottecchia, pourtant antifasciste convaincu, une dédicace ancienne à Benito Mussolini. Quant à Henri Pélissier, c'est sa compagne, Camille Tharault qui, poussée à bout par un gars devenu violent et irascible, va le tuer de quatre coups de revolver. C'est l'occasion, pour l'auteur, de saisir l'exemple de Marie Marvingt pour évoquer la position des femmes par rapport au Tour de France, pour le moins à l'écart de ce monde de forçats de la route, toujours hommes.
Il y aura plus tard une épreuve féminine au Tour de France, en 1955 puis entre 1984 et 2009. Y aura-t-il un volume à ce sujet dans la série initiée par Michaël Perruchoud? Mais c'est déjà une autre histoire...
Michaël Perruchoud, 1923 – Bien le bonjour de la Ficelle, Lausanne, BSN Press, 2021.
Le site des éditions BSN Press.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Allez-y, lâchez-vous!