Marie-José Imsand – C'est une catastrophe insolite qui constitue le point de départ de "Deuils blancs", première incursion de la romancière Marie-José Imsand dans le monde du roman policier. Dans le Jura français, en effet, un TGV pour Paris percute une vieille locomotive qui a elle-même embouti une voiture. Il y a pas mal de décès: 37 victimes retrouvées mortes dans les bois. De quoi occuper toute l'équipe de police de Bourg-en-Bresse, sous la férule du commissaire Noël Lamarque...
Quelques interrogatoires suffisent à plonger le lecteur dans un univers en vase clos où va se développer une intrigue à plusieurs niveaux. Il y a d'abord, bien sûr, les gens qui ont découvert les cadavres en forêt: les défunts, ce sont les personnes qui ont choisi de rejoindre Paris en car malgré l'accident. Peu à peu, décrivant ces voyageurs, l'auteure fait émerger tout un petit monde qui, si bref qu'ait été le parcours, a déjà ses accointances.
Ses personnages, elle les dessine de manière à leur conférer à toutes et à tous une personnalité marquée. Le lecteur se souvient ainsi de Nathan, le chimiste spécialisé dans les encres destinées aux billets de banque, anxieux parce qu'il porte sur lui une clé USB précieuse, ou de Beate, la couturière au service des riches de Paris. Les liens entre ces personnages vont s'accentuer alors qu'ils se retrouvent logés dans un mystérieux hôtel de luxe aux ambiances fantasmagoriques d'antan. L'antichambre de l'enfer, du paradis?
Ce moment de mystère, nimbé de fantastique, cède la place à la rigueur d'une intrigue policière classique autour d'autres protagonistes, à la faveur de l'arrivée d'un renfort policier venu de Paris. Dès lors, ce sont les ressorts de l'action humaine, sombres ou sentimentaux, qui vont faire surface. L'auteure les exploite avec finesse, relatant les jalousies envers tel homme à femmes, les envies de revanche que suscite le fait d'avoir été trompé ou, dès le début comme pour annoncer la couleur, la mécanique d'un couple au bord de la rupture. Cela, sans oublier l'appât du gain, ni les éléments qui constituent la part secrète de l'enfance de certains personnages.
Le souci des relations humaines traverse l'ensemble de "Deuils blancs", un roman où il est permis de se demander, l'espace d'un moment, si les morts le sont vraiment. Et quel est le rôle de l'écrivain qui hante ses pages? Est-il le reflet ou l'alter ego de l'auteure, s'immisçant dans la narration pour côtoyer au plus près les personnages qu'il a construits afin de les connaître sur le bout du doigt? Sa présence donne à ce riche roman un petit air de work in progress, en direction de la résolution définitive d'une enquête, élément d'une intrigue librement inspirée de circonstances vécues.
Marie-José Imsand, Deuils blancs, Lausanne, Favre, 2022.
Le site de Marie-José Imsand, celui des éditions Favre.
Intéressant ! Merci pour ce retour. :)
RépondreSupprimerUn monde particulier en effet, à découvrir! Merci à toi d'être passée.
SupprimerDifficile de ne pas être tentée après un tel avis !
RépondreSupprimerC'est un bel ouvrage en effet, et aussi l'opus le plus développé de l'auteure, après des romans plus brefs publiés chez BSN Press. Une romancière et artiste à découvrir! J'espère que sa plume saura te plaire; elle est à découvrir!
SupprimerBonne semaine à toi!
ah tiens, ça m'intéresse !! J'aime quand le polar n'est pas que polar...
RépondreSupprimerAh oui totalement: il y a une bonne dose de fantastique, c'est un roman plutôt atypique, à découvrir. Je t'en souhaite une bonne lecture!
SupprimerBonne semaine à toi, Violette!