Stéphanie Pélerin – Ce n'est pas parce qu'on a trouvé une stabilité sentimentale que la vie ne vas pas ballotter Ivana, le personnage principal du roman "(Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)" de Stéphanie Pélerin. Ivana? C'est la même que dans le premier roman de l'auteure, "(Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire", et elle est toujours avec Bruno, qui lui a fait une belle paire de jumeaux: les "Tromignons".
"(Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)" se présente comme un bel exemple de hen lit à la parisienne, mettant en scène une mère de tribu recomposée professionnellement active dans l'enseignement qui s'évertue à jongler avec les multiples facettes de sa vie tout en masquant autant que possible la charge mentale que cela peut représenter. Cela, sans oublier qu'Ivana vole des heures à la nuit pour écrire! La narration fonctionne en mode majeur, sur un ton qui pétille à chaque phrase. Les péripéties cocasses sont légion, ce qui n'exclut pas les états d'âme...
L'auteure a le génie de construire son intrigue sur une note de fond où Bruno et Ivana sont susceptibles de n'être pas fidèles. Et le doute, gage de tension accrocheuse, dure jusqu'au bout! Tout au long du roman, en particulier, le lecteur va se demander qui est la "fameuse" Martha, cheffe de Bruno, un cadre en milieu de carrière et en fin de quarantaine, prêt à tout pour garder un emploi qui a ses fragilités. Et réciproquement, le lecteur va s'amuser face aux instants équivoques, savamment agencés par l'auteure, entre Ivana et Jérôme Steiner, un animateur de radio au charme ravageur – l'archétype du mâle de romance, volage et magnétique – qui lui propose de travailler avec elle et (mais c'est constamment sous-entendu) plus si entente...
Enfin, la romancière a le chic de situer la tribu qui entoure Ivana à un moment particulier de l'automne: les enfants sont chez leur grand-mère sur la Côte d'Azur, le conjoint travaille d'arrache-pied (ou pas, il lui arrive même de se saper princesse...) avec "sa" Martha et la fille de Bruno, jeune adulte, cuve une rupture du côté de Nice. Résultat: Ivana se retrouve seule à Paris. Une situation que la romancière exploite côté doute, mettant en scène une femme contrainte, pour quelques jours à l'orée de sa quarantaine, de s'inventer une vie sans les cadences du quotidien. Entre le roman qui attend d'être écrit et les placards qu'il faut débarrasser, que faire? Et si la solution était de boire des verres avec les copines, tout simplement? L'auteure a précisément le chic d'entourer Ivana de vraies amies, à la fois soutiens et garde-fous.
On sent, au fil de la lecture de "(Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement)", qu'Ivana est une belle femme qui veut exceller sur tous les fronts, prompte à entendre la meute des mères parfaites lui faire des reproches au moindre écart. Et si la clé, pour elle, résidait dans une manière de lâcher prise et d'arrêter de se faire des films? C'est entre autres de la magnanimité de son Bruno que viendra l'issue: après tout, Ivana n'a que des amis, et son pire adversaire n'est autre qu'elle-même. Et au bout du roman, le lecteur comprend, heureux pour elle, qu'elle a fait son bout de chemin, aidée par une vie qui donne beaucoup mais ne ménage personne.
Stéphanie Pélerin, (Toujours) jeune, (toujours) jolie, maman (mais pas seulement), Paris, Diva Romance, 2018.
Le blog de Stéphanie Pélerin, le site des éditions Diva Romance.
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