Valérie Debieux – Parfois, avant même la rencontre, les histoires d'amour commencent par une correspondance. Et juste avant le premier rendez-vous, voilà que la femme meurt dans un accident de la route alors que l'homme l'attend dans un restaurant parisien élégant. Telles sont les apparences mises en place par l'écrivaine Valérie Debieux au début de son premier roman, "Mon amour(s)".
En effet, l'homme, en l'occurrence un acteur de cinéma prometteur nommé Marc Lemoine, ne sait pas à qui il écrit vraiment. La vie se charge de l'informer plus avant et de lui montrer qu'en amour, il y a toujours un espoir et qu'il suffit de le vouloir pour qu'il se réalise. Qui signait vraiment les e-mails énamourés envoyés via la boîte électronique de la scénariste Jeanne Malan?
"Mon amour(s)" adopte un ton feel-good avant l'heure, quitte à paraître trop gentil avec ses personnages: ceux-ci ne paraissent guère vivre d'oppositions fortes, propres à créer des tensions dramatiques. Chacun s'accommode des péripéties vécues dans un esprit invariablement positif: la mère de la défunte s'entend à merveille avec la mère de l'acteur, lui-même surtout entouré d'amis – à commencer pour son agent artistique, Pierre. Même son arrivée retardée sur le lieu d'un tournage important à Tahiti ne parvient pas peser sur une ambiance de tournage globalement agréable.
Tahiti? Certes! C'est qu'on voyage beaucoup dans "Mon amour(s)", et dans le monde entier. Depuis Paris, il y aura le Midi de la France bien sûr, et Tahiti, pour le tournage d'un biopic sur Gauguin. Venise fait figure de passage obligé d'une histoire où l'amour tient toute la place (avec un tour en gondole atypique), mais c'est aussi un lieu clé pour Marc, qui mène l'enquête. Ce qui le conduira jusque dans l'Australie profonde, à laquelle l'auteure consacre de belles pages – avec en point de mire Ayers Rock, mais aussi le Royal Flying Doctor Service australien.
Avec "Mon amour(s)", l'écrivaine Valérie Debieux signe un roman à l'intrigue légère et agréable, qu'on aurait cependant aimé plus corsée parfois. Il n'empêche: sa lecture est aisée, portée par un ton le plus souvent sage, qui s'autorise cependant, çà et là, quelques helvétismes, surprenants chez des personnages français, ainsi que des tours de langage familiers. Enfin, le lecteur appréciera aussi certains dialogues, où les hommes parlent des femmes... et vice versa.
Valérie Debieux, Mon amour(s), Nice, Bénévent, 2006.
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