mardi 6 août 2019

Du rififi entre la Normandie et le Maroc

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Philippe Huet – "Souk à Marrakech", c'est une bonne dose de rififi qui trouve l'essentiel de ses origines quelque part en Normandie. L'écrivain et journaliste Philippe Huet fait l'aller et retour de part et d'autre de la Méditerranée, baladant des personnages connus de ses lectures les plus fidèles: Gus et Vicky. Un vieux couple, pour ainsi dire... avec un passif important que l'intrigue va solder.


Alors, en voiture Simone: Gus est parti en vacances au Maroc, un peu en avance sur sa femme, soi-disant retenue en Normandie pour affaires. Une autostoppeuse tout à fait son genre prénommée Myriam, un peu de marivaudage, un plan cul, et hop: voilà Gus victime de son goût pour la chair à jupon. Ce qui va le mettre en position délicate face à sa compagne Vicky. Mais l'histoire va montrer qu'être cocue, c'est finalement peu de chose dans la vie... et que Vicky est terriblement bien placée pour savoir qu'il y a bien plus grave: en clair, on veut sa peau.

"Souk à Marrakech" entraîne son lectorat dans le monde du commerce de l'art, présenté comme un marigot impitoyable et opaque où le mensonge est la règle. C'est d'autant plus grave et important que l'auteur met en scène quelques passionnés d'art ancien, prêts à tuer pour obtenir une œuvre précise ou pour la conserver, si médiocre qu'elle soit. On pense évidemment à Samuel Serelmans, collectionneur et voleur à la façon d'Arsène Lupin, attrapé par sa mère, excessivement possessive – cette possessivité dont l'auteur dessine avec justesse les contours qui emprisonnent.

Et tout en haut, il y a Van Vekelsen, le vieil acheteur souffreteux, qui a payé d'avance; il a le bras suffisamment long pour acheter tout ce qui l'intéresse dans le monde entier. Mais si vaste que soit son empire, il suffit d'un grain de sable pour que tout s'écroule... et que les cadavres pleuvent.

L'écriture de "Souk à Marrakech" a l'efficacité sobre d'un article de journal, ce qui offre au lecteur l'occasion d'une lecture rapide et vorace. On sent aussi que l'auteur a su se renseigner afin de restituer de façon crédible le monde du commerce, pour ne pas dire du trafic d'œuvres d'art. Et soucieux d'un réalisme qui a quelque chose de touristique, il donne son point de vue sur la médina de cette ville, évoque la générosité de ceux qui l'habitent, mais cite aussi l'hôtel Shango local, élément d'un groupe hôtelier du Maroc. Ses personnages y vivent, et la chaîne a aussi fourni l'image de couverture du livre. De quoi créer l'ambiance...

Philippe Huet, Souk à Marrakech, Paris, Albin Michel, 2006.

Le site des éditions Albin Michel.


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