Neville Lucky – Imaginez qu'au temps des cow-boys et des westerns, un gouverneur et chercheur d'or enrichi à millions décide de réunir douze malfrats de légende dans son manoir pour une chasse à l'homme en intérieur. C'est vers cet événement improbable que se dirige l'intrigue de "La dernière chasse de Woodgate Middlesbrough" de Neville Lucky. Rapide et agréable à lire, ce petit livre constitue le troisième tome de la série de romans de style "Pulp" conçue par les Nouvelles Editions Humus.
Tout commence avec l'irruption de Woodgate Middlesbrough, désireux de se caser incognito après avoir mis en scène sa mort il y a plusieurs années. Le retour de ce desperado n'échappe pas au riche gouverneur, Archibast Hard, qui sait en faire façon et l'attraper dans ce qui a tout d'un piège.
Et dès lors que les douze criminels se retrouvent réunis, le scénario emprunte les rails du roman japonais "Battle Royale" de Koushoun Takami, technologie incluse: grandes nouveautés à l'époque où se déroule "La dernière chasse de Woodgate Middlesbrough", l'électricité et les jeux de miroirs font quelques miracles qui ne manqueront pas de surprendre les différents personnages.
Si court qu'il soit, ce roman caractérise ses douze salopards avec précision, à telle enseigne qu'aucun n'est interchangeable, pas même ceux qui mourront d'abord. L'auteur joue sur leurs nationalités (il y a un assassin des Balkans, un spécialiste des arts martiaux venu de Chine...), ou alors sur leur parole, à l'instar de la Betty Redbush, rousse pulpeuse à grande gueule, ou de l'Amérindien qui parle sa langue.
Les différents aspects de l'intrigue, quant à eux, cultivent une approche élastique de la vraisemblance et privilégient volontiers l'outrance. Le dernier combat semble ainsi emprunter à la fois au steampunk et aux anciens films de science-fiction de série B. Quant aux derniers personnages vivants, force est de constater qu'ils auront survécu à des tonnes de dynamite. Quant à Woodgate Middlesbrough, quelle que soit la blessure qu'il subit, il se relève immanquablement: même pas mal...
Bien sûr, l'intrigue ne manque pas de s'attarder occasionnellement sur quelques aspects gore, bouts de cervelle éclatés ou couteau faisant office de main chez un manchot. L'ambiance est virile, on ne mâche pas ses mots, ça sent la poudre et le sang et quand ça ne ferraille pas, ça cogne comme dans Bud Spencer. Enfin, une chute toute finale boucle "La dernière chasse de Woodgate Middlesbrough" en une ultime et terrible surprise.
Neville Lucky, La dernière chasse de Woodgate Middlesbrough, Lausanne, Nouvelles Editions Humus, traduction par Baal de Match.
Le site des Nouvelles Editions Humus.
Lu par Julien Hirt.
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