Perrine Le Querrec – "Alouette, gentille alouette...", une chanson sympa. Sauf si l'on finit par mutiler les ailes et clouer le bec à cet oiseau qui ne demande qu'à vivre dans la joie. C'est cet oiseau qui donne son titre au recueil de poésies "Les Alouettes", signé Perrine le Querrec. De manière métaphorique: au cœur du recueil, la chanson revisitée dans sa version tragique symbolise le vécu et le destin des femmes battues.
A l'origine de ce recueil de poésies court et cinglant, l'auteure a recueilli les témoignages de six femmes qui, victimes brisées de violences conjugales, se sont confiées à elle dans leur démarche visant à en sortir. Toute la puissance du recueil, son caractère fortement dérangeant, résulte de la concentration de ces paroles mêlées, qui disent aussi la diversité de la violence à l'encontre des femmes.
Celle-ci apparaît psychologique, physique, sexuelle aussi. Elle s'exprime également à l'encontre des enfants, de manière directe ou indirecte, aussi par le biais de perversions. Cette diversité, l'auteure la restitue aussi formellement et musicalement, par le biais de la diversité des rythmes et mises en pages de sa poésie. Ainsi, les vers sont tantôt longs, confinant à la prose poétique, tantôt courts, cinglants comme une claque.
Ils restituent aussi le regard que les victimes portent sur les bourreaux, vus comme malsains ou hypocrites face au monde. Et si les coups encaissés, les bleus au corps comme à l'âme, sont bien là, la promesse d'une lumière au bout du tunnel se fait progressivement jour dans "Les Alouettes". C'est là qu'on lit des vers forts: "Je n'ai pas peur", ou "je vais te dire NON/et puis ça suffira", expression dépouillée d'une parole et d'un courage retrouvés.
Perrine Le Querrec, Les Alouettes, Genève, Editions d'En Bas, 2022.
Le site de Perrine Le Querrec, celui des éditions d'En Bas.
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