samedi 9 septembre 2023

"Made in Korea": renaissance en Corée du Sud

Laure Mi Hyun Croset – Un voyage en Corée du Sud pour changer de vie, du taekwondo au menu? Tel est le programme du personnage principal de "Made in Korea", dernier roman de l'écrivaine Laure Mi Hyun Croset. La nature s'est chargée, en effet, de secouer ce garçon: le diabète le guette...

Jamais nommé, le personnage principal apparaît pour ce qu'il est: un anonyme en surpoids sans vie sociale, exerçant son métier de programmeur chez lui, derrière l'écran de son ordinateur, quelque part à Paris. Des repas cosmopolites lui sont livrés, le monde vient ainsi à lui, mais il n'en a pas vu grand-chose, si ce n'est la maison de ses parents à Rouen et, plus tôt, l'expérience de l'adoption: cet anti-héros est né en Corée et a été adopté par une famille française.

Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, "Made in Korea" n'a pas grand-chose d'un récit de retour aux sources. Le personnage principal s'y rend seul, un peu en touriste, pour y suivre un cours de taekwondo qui, espère-t-il, va le remettre en forme physique. De ce pays lointain, l'auteure raconte en particulier la vie dans les différents quartiers de Séoul, les repas arrosés au soju, voire un peu de la philosophie et de l'imaginaire de l'art martial que le bonhomme se propose de pratiquer. Mais retrouver sa famille biologique n'est pas une priorité.

Là n'est donc pas l'essentiel. Ce que l'auteure dit surtout, c'est comment un pays peut transformer un bonhomme en le sortant de ses habitudes. Le personnage principal découvre l'amitié à Séoul, il voit du pays, boit de l'alcool, sort et visite la grande ville sous toutes ses coutures. Son séjour est actif, sa vie prend tout d'un coup une troisième dimension: celle de la réalité, dans toutes ses saveurs, flattant les sens. Il en reviendra transformé.

Et la question du diabète du personnage principal devient dès lors un indicateur: au retour du voyage, il se retrouve quelque peu aminci, avec un diabète maîtrisé à un niveau supportable qu'il s'agira de conserver: la nourriture était saine, et cavaler à travers Séoul aura constitué une forme de sport. Sans compter ce contact avec la vraie vie qu'il se propose de prolonger.

"Made in Korea" apparaît dès lors comme la narration réaliste et réussie, marquée par quelques traits d'esprit pour ne rien gâcher, d'une transformation, voire d'une renaissance. Et si le personnage n'a rien pour attirer la sympathie en début de roman, il devient de plus en plus attachant aux yeux du lecteur à mesure que, adulte, il s'ouvre peu à peu au monde qui l'entoure et voit qu'il aime ça, passionnément. Du coup, la fin du roman apparaît comme le début d'une (nouvelle) vie.

Laure Mi Hyun Croset, Made in Korea, Lausanne, BSN Press, 2023.

Le site de Laure Mi Hyun Croset, celui des éditions BSN Press.

Lu par Béatrice Riand.

2 commentaires:

  1. Cette renaissance semble plaisante à suivre, a fortiori par la manière dont l'auteure l'introduit :) Le fait que cela passe par un séjour dans un pays qui m'intéresse est un gros plus.

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    1. Bonjour Audrey! En effet, l'écriture est plaisante, et rapide aussi, pour une immersion courte (110 pages) dans la Corée du Sud d'aujourd'hui.
      Bonne journée à toi!

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