Chambre d'amour
La nuit tiède est clémente à la ville qui dort;
Des lys impérieux triomphent dans la chambre
Et cependant nos cœurs sont froids comme Décembre
Et nos baisers d'amour amers comme la mort.
Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres
Et tes seins bienveillants accueillent mon front las;
Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
Pourquoi les dieux mauvais empoisonnent nos lèvres.
Qu'importe? viens vers moi, triste sœur; aimons-nous,
Sans craindre la saveur glorieuse des larmes,
Tels des héros blessés avec leurs propres armes
Et dont le glaive d'or a rompu les genoux.
Viens! nous aurons l'orgueil des âmes taciturnes
En cette chambre morne et veuve de flambeaux,
Où, semblable à l'odeur des antiques tombeaux,
Un parfum sépulcral monte des lys nocturnes.
Pierre Quillard (1864-1912). Source: Bonjour Poésie.
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