Reed Farrel Coleman – L'écrivain new-yorkais Reed Farrel Coleman a signé plusieurs romans policiers mettant en scène l'ex-agent de police Moe Prager. Trois d'entre eux ont été traduits en français. "Soul Patch" prend place dans un quartier imaginaire de la Grosse Pomme, recréation délibérée des coins que l'auteur, qui a grandi tout près de Coney Island, connaît intimement.
Nous sommes en 1989. Le lecteur trouve dans "Soul Patch" un Moe Prager en proie au doute: pris entre son nouveau métier de caviste qui ne lui plaît qu'à moitié et l'impression que sa vie de couple bat un peu de l'aile, il se retrouve peu à peu, presque à son corps défendant, renvoyé à son ancien travail de policier lorsque Larry McDonald, un ancien collègue pétri d'ambition, lui donne une cassette énigmatique où figure l'enregistrement d'un interrogatoire.
Moe Prager va ainsi se retrouver plongé dans des histoires criminelles anciennes (1972) mais pas tout à fait froides, où il a lui-même joué un rôle d'enquêteur. L'ex-agent va donc devoir renouer avec d'anciens collègues avec lesquels il n'est pas toujours resté en bons termes. Et sur fond de guerre des gangs, de drogue et de prostitution, les cadavres vont pleuvoir autour de lui: il est des vérités qu'il vaut mieux ne pas déterrer.
Le personnage qui se trouve au centre de "Soul Patch" apparaît extrêmement travaillé, ce qui le rend attachant. L'auteur fait de Moe Prager un bonhomme à la fois désabusé et tourmenté, capable aussi d'avoir du cœur et du flair, marqué par sa judéité et une carrière qui n'a pas toujours répondu à ses attentes – le leitmotiv du badge en or de détective qui lui a échappé et qu'il n'aura jamais en atteste tout au long du roman. A l'occasion, on le trouve même un brin philosophe.
Ecrit de façon souvent visuelle, "Soul Patch" a parfois des airs de série américaine. C'est agréable, mais ce roman va plus loin, en particulier en travaillant ses personnages, mais aussi ses décors, quitte à cultiver une certaine lenteur parfois. Aidé par une traduction dynamique et colorée, le lecteur francophone plonge ainsi dans un New York populaire voire misérable, finement décrit comme s'il s'agissait d'un personnage à part entière de l'intrigue: l'auteur semble en connaître intimement chaque recoin.
Reed Farrel Coleman, Soul Patch, Paris, Phébus, 2011. Traduction de l'américain par Joseph Antoine.
Le site de Reed Farrel Coleman, celui des éditions Phébus.
Cette plongée dans un New York bien loin de celui des cartes postales a l'air particulièrement réussi ! Mais c'est le fait que les personnages soit travaillés qui m'attire le plus...
RépondreSupprimerBonjour Audrey! Oui, ce sont les deux forces de ce roman! Et j'imagine qu'il serait enrichissant de lire les deux autres titres de cet écrivain (toujours très actif) traduits en français.
SupprimerBonne journée et bon week-end à toi, merci d'être passée!