vendredi 8 avril 2022

Femme et instinct maternel: quatorze séquences pour le théâtre

Pauline Epiney – Bonheur ou chemin de croix? Rapidement, c'est la question de la maternité qui s'invite au centre de "Et si tu n'existais pas, dis-moi pour qui j'existerais?". Signée Pauline Epiney, cette pièce de théâtre en quatorze brèves séquences qui sont autant de voix féminines a été créée au théâtre Le Spot à Sion le 17 mars 2022. 

Souple, sa mise en scène autorise l'intervention de plusieurs comédiennes, évoquant la condition féminine en général, et les méandres de la maternité en particulier. Quant au titre, il revisite Jo Dassin pour évoquer le lien particulier entre une mère et un enfant. Ce lien que la pièce explore, justement...

... et ce, dans un esprit de liberté qui éclate dès la première séquence: sur le ton de la conversation, il sera question de nudité féminine, dans une impertinence souriante qui défrise aimablement. L'auteure, mine de rien, s'amuse aussi à désenchanter certains aspects propres au théâtre, tels que le confort pour le public. On se met à l'aise, on sourit, on est en connivence même si la salle n'est pas parfaite...

Ce n'est qu'un peu plus tard qu'intervient Fabienne, qui joue le rôle de pivot, de référence dans cette pièce, chantant des chansons quétaines et un brin dérangeantes, dansant aussi. Fabienne, c'est une poupée – peut-être celle que toutes les filles ont eue un jour, pas forcément parfaite, mais à elles, confidente ou souffre-douleur. Car le thème de la pièce, c'est bien la maternité. 

Et si le ton est celui de la parole, il ne s'interdit pas le contraste, bien au contraire, ni les éclats. On imagine en effet le choc que peut produire la juxtaposition de la scansion de deux lettres, aux séquences VI et VIII – l'une respectueuse et factuelle pour annoncer à un homme qu'il aurait pu être père mais que la femme a avorté, l'autre insultante, d'une violence inattendue. Les deux sont signées de prénoms différents (Sylvie et Judith), suggérant que les voix féminines sont plurielles.

Questions de société où l'envie de liberté heurte la possibilité d'être mère, changements de morphologie, choc entre la maternité rêvée et la réalité d'un enfant soudain là, coup de déprime inclus: dans "Et si tu n'existais pas, dis-moi pour qui j'existerais?", il ne manque rien dans l'évocation de ce que peut être l'expérience de la maternité. En une cinquantaine de pages, en disant les choses sans peser, la dramaturge fait ainsi un voyage tout autour du monde de la condition maternelle et de ses méandres.

Pauline Epiney, Et si tu n'existais pas, dis-moi pour qui j'existerais?, Lausanne, BSN Press, 2022.

Le site des éditions BSN Press.

2 commentaires:

  1. Je pense que cet ouvrage me plairait. Et pourquoi pas le jouer un jour avec des copines ?

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    1. En effet, c'est à essayer - d'autant plus qu'on ne pense pas forcément aux pièces actuelles lorsqu'on veut monter quelque chose. Je peux t'envoyer mon exemplaire, si tu le souhaites.
      Bonne journée à toi!

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