Simon Vermot – "Cool" est le troisième et dernier roman d'une série policière imaginée par l'écrivain suisse Simon Vermot. Sa marque de fabrique? Elle consiste à mêler l'actualité réelle à des éléments de fiction pour créer une nouvelle vérité, celle du roman. Dans "Cool", c'est de l'attentat islamiste de masse de Nice, survenu le 14 juillet 2016, qu'il sera question. Bien entendu, il y a un Suisse dans l'histoire, Pierre, qui aime éperdument sa fille, Anouk. Or, celle-ci a disparu...
Et tout démarre très vite. Pour accrocher le lecteur d'emblée, l'auteur attaque son récit in medias res. L'impression de vitesse est encore accentuée par des dialogues qui dominent le propos par moments et par le choix de chapitres courts qui se terminent à plus d'une reprise par un bon gros cliffhanger qui relance l'intérêt. Rapidement, s'installe un nœud d'intrigue imposant: la police entre en jeu, la situation se retourne, le lecteur s'interroge. Et dès lors, ce qui apparaît comme un kidnapping s'avère tout autre chose: la folle équipée française d'une bande de jeunes. Mais tout ne va pas se passer comme prévu...
L'écrivain choisit dès lors une narration en parallèle, évoquant tour à tour les états d'âme et les actions d'un père inquiet, journaliste chevronné, et la douceur de vivre à laquelle aspirent Anouk et ses amis. Côté paternel, c'est l'enquête: sur un mode policier classique, l'écrivain joue avec les indices et les fausses pistes, suscitant excitation et faux espoirs chez le lecteur. Et côté Anouk, il montre parfaitement, en particulier en mettant en évidence les surréactions de Jérémy, un autostoppeur de passage, que tout n'est pas si cool lorsqu'on cingle en voiture vers le Midi. Peu à peu, les masques tombent: la road story entre potes se transforme en cauchemar.
L'auteur joue ainsi sur la crainte classique de l'autostoppeur moins honnête qu'il n'y paraît, criminel peut-être – on pense ici à "La fille qui n'aimait pas la foule" de Gilles de Montmollin. Ce faisant, l'auteur de "Cool" travaille habilement, en profondeur, le personnage important de Jérémy. Facétieux, il développe aussi les relations versatiles qui prévalent au sein de l'équipe de trois copains en goguette non contrôlée – on sourit en particulier face à la surprenante capacité de résilience de Mila, qui finit par tout trouver "cool". Cela, à telle enseigne qu'un nouvel équilibre inattendu va se créer en toute fin du roman. Surtout, usant du privilège du romancier, il réécrit l'attentat de Nice, suggérant qu'il a été tué dans l'œuf par un père, le fameux Pierre, présent au bon moment au bon endroit. Si seulement...
"Cool" est un roman qui va vite. S'il stoppe net la course sanglante du camion de l'été 2016, il suit parfaitement le rythme d'une équipée de jeunes désireux de prendre rapidement leurs distances avec la vie en Suisse. Pierre, le père, est un homme qui semble tout savoir de sa fille, y compris certains de ses états d'âme. Défaut de focalisation? Non: le destin que l'auteur réserve à Pierre rend cette connaissance plausible. Ainsi, l'auteur réussit à offrir à son lectorat un polar qui navigue de manière efficace entre la rédaction d'un journal suisse et les routes de France.
Simon Vermot, Cool, Saint-Imier, Editions du Roc, 2021.
Le site des éditions du Roc.
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