Donnie Hawkins – Vous le savez, amis lecteurs fidèles: ici, on ne recule devant rien, même pas dans la littérature de gare savamment étudiée. Il fallait donc bien que la nouvelle collection "Damned", proposée en abonnement, nous tombe dans les mains. Après "A moi de choisir ceux qui vont mourir" de Pierre Ronpipal, les Nouvelles Editions Humus envoient dans la nature "Kitten mène l'enquête" de Donnie Hawkins.
Donnie Hawkins, un pseudo de plus? Lu l'espace d'une pizza en solo dimanche dernier, l'ouvrage entretient le doute. Il y a des notes du traducteur, certes, ce qui pourrait suggérer que l'ouvrage est traduit de l'anglais. Mais il y a aussi, dans le texte, deux ou trois éléments qu'on trouverait difficilement dans un texte rédigé en anglais, par exemple des références à des écrivains français tels que Dumézil. Sans compter que l'hypothétique traducteur, anonyme d'ailleurs, en glissant "s'encoubler" en page 43, trahirait un petit accent curieusement welche...
Mais venons-en au propos... Dans "Kitten mène l'enquête", le lecteur est mis en présence d'une femme de toutes les outrances, Kitten Napier, si belle et bandante qu'elle n'a jamais réussi à jouir avec un homme. Irrésistible à l'excès, ça en devient pénible pour Kitten elle-même, prisonnière d'une sorte de pouvoir et condamnée à courir à la pelle des hommes invariablement trop prompts à jouir, malgré eux. Son seul secours? Une chandelle allumée...
Fascinée par son propre corps comme par la littérature, Kitten a monté son agence de détective privée à New York. Dès lors, une filature sert de fil rouge à l'intrigue: il est question de poursuivre une certaine Ellis Dee (LSD, prononcé à l'anglaise, vous l'avez? Le LSD a d'ailleurs fêté ses 80 ans hier, ça s'arrose...), belle et provocatrice. L'ouvrage se termine sur sa mort violente, qui ouvre la porte à une suite.
L'outrance est présente à tous les étages de "Kitten mène l'enquête" avec ce personnage de Kitten Napier, caricature concentrée de tous les fantasmes masculins. L'auteur sait illustrer cet élément de personnalité par de multiples approches, qui vont au-delà du simple physique de la détective. Le lecteur s'amuse par exemple lorsqu'il est question d'une température soudain torride dans le métro new-yorkais, ce qui suscite quelques réactions d'usagers – comme d'usagères d'ailleurs: Kitten Napier est inclusive à sa manière.
Par contraste, les personnages masculins du roman vont paraître bien pâlots. L'auteur prend cependant soin de tracer de Chris Dee, le mari d'Ellis, un portrait profilé, si peu aimable qu'il puisse paraître: s'il passe pour un playboy, il apparaît surtout mesquin, bêtement comptable dès lors qu'il s'agit de son épouse, dont il craint le tempérament volage. Mais Kitten est-elle meilleure que lui? Elle aussi tient sa comptabilité...
On l'a compris: dans un esprit "pulp" à l'ancienne, astucieux et parfaitement décomplexé, "Kitten mène l'enquête" assume son côté trash, voire vulgaire. On rejette ou on en redemande! Pour fidéliser les indécis, cependant, l'auteur jette une accroche au terme de son intrigue prétexte: ce n'est pas dans cet opus qu'on saura qui a tué Ellis Dee. Affaire à suivre donc. le roman est inachevé malgré le mot "FIN"!
Il convient enfin de relever que le côté outrancier de "Kitten mène l'enquête" est tempéré par des en-têtes de chapitre longues et descriptives, à l'ancienne, un peu intello, comme on a pu les trouver dans l'"Histoire de ma vie" de Casanova. Dès lors, le lecteur va se demander: "C'est quoi ce machin, c'est qui l'auteur en vrai?". Bonnes questions, pour un secret sans doute bien gardé par l'éditeur!
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