Jean Mercier – Pour un blogueur de livres, quoi de mieux qu'un dimanche pour parler d'un roman dont le personnage principal est un curé? "Monsieur le curé fait sa crise" est le premier roman de Jean Mercier, rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire "La Vie". Et force est de constater que dans ce petit livre troussé avec finesse, Dieu est (aussi) humour.
"Monsieur le curé fait sa crise" commence comme une succession de chapitres courts qui sont autant de scènes de la vie de paroisse, lieux de petites bisbilles qui navrent Benjamin Bucquoy, le prêtre. Fleurir l'église, assumer un positionnement de conviction, gérer une animatrice musicale branchée musique moderne, réagir à une pétition pour le maintien d'une chapelle condamnée: monsieur le curé a fort à faire, quitte à se perdre. Ce sont là autant de choses sans doute vues dans les paroisses, et qui sonnent juste sous la plume de l'écrivain, tant elles sont bien trouvées et reflètent certains enjeux permanents de l'Eglise catholique, telles que la querelle entre les traditionalistes et les modernes et le besoin de se positionner face à Vatican II et à ses conséquences.
Une déconvenue de trop, une frustration, et le curé disparaît... C'est là que l'histoire débute vraiment: on cherche Benjamin Bucquoy partout, on finit par le retrouver. Ouf! L'auteur mêle habilement plusieurs allusions à la Bible à son récit. La retraite de Bucquoy se trouve au fond d'un jardin qui pourrait être un Eden – "un paradis végétal", dit même l'auteur. Le curé s'emmure vivant dans un cabanon pour méditer, et s'il ne l'a pas écrit, gageons que l'auteur aura pensé à faire tomber ses murs à l'aide des sept trompettes de Jéricho. En revanche, une chose est certaine: celle qui a retrouvé le curé est une ancienne prostituée nommée Madeleine. Lorsqu'elle s'écrie "Il est vivant!", on se croirait à Pâques... Cela, sans oublier une ou deux références à des figures tutélaires de l'Eglise catholique, telles que le curé d'Ars, saint Jean-Marie Baptiste Vianney.
Benjamin Bucquoy a son petit caractère, on le constate page après page, et il est permis de penser parfois à Don Camillo. Mais il ne serait pas si attachant s'il n'était capable de se remettre en question afin de dépasser les épreuves. Résultat: la vie ne va certes pas l'épargner, mais elle finira par le gâter au-delà de toute espérance.
Un peu de réflexion, mais aussi de l'humour: telle est la recette de "Monsieur le curé fait sa crise", un roman qui revendique un ton frais et sympathique. L'humour naît des situations, et feront sourire tous les lecteurs qui connaissent les coulisses d'une petite paroisse. Mais l'auteur choisit aussi de se moquer un peu de ses personnages en leur prêtant des noms parfois porteurs de jeux de mots (le fameux Enguerrand Guerre, le pétitionnaire belliqueux), ou simplement légèrement ridicules. Tout cela pour dire que "Monsieur le curé fait sa crise" est un joli roman qui dépeint finement, avec indulgence et sans se prendre au sérieux, un petit monde qui, s'il sert toujours Dieu avec sincérité, s'avère en définitive très, très humain.
Jean Mercier, Monsieur le curé fait sa crise, Paris, Editions Quasar, 2016.
Défi Premier roman.
Le site de l'éditeur.
Lu par Christophe Delaigue, Denis Chautard, Ellettres, Hélène Roizard, Liliba.
Ravi que ce curé t'ai plu !
RépondreSupprimerEn effet, ce fut une bonne lecture! Qui plus est, avec un personnage de prêtre intéressant (ça nous change des ambiances lourdes autour de curés pédophiles...) - et ce qu'il faut d'humour et de réflexion.
SupprimerBonne soirée à toi!