dimanche 2 juillet 2017

Dimanche poétique 308: Daniel Fattore

Idée de Celsmoon.


Aujourd'hui, double dose! C'est ma tournée!

Celle qui impose son goût

Au centre du bistrot, voyez comme elle trône!
Sa fausse gloire brille aux tables des viveurs;
Elle pointe d'un doigt l'index de ses faveurs,
Rejetant d'un oeil snob le bon côtes-du-rhône.

D'un arrogant sourcil, elle bannit le crosne,
Ce légume inconnu dont les rustres flaveurs
Affament illico les plus raides buveurs;
Tout le monde obéit, suivant ce qu'elle prône.

Son notoire penchant pour les plats convenus,
Qui pense par réflexe aux faibles revenus,
Impose sans appel le pérenne steak-frites,

Qu'elle daigne flanquer d'un goron bien banal;
Éludant du garçon les questions hypocrites,
Elle invoque en riant... son palais virginal.


Celui qui impose son verbe

À force de l'ouïr, on se croit à l'étable:
Il remplit le bistrot de son beuglement vain
Et gonfle son discours de pensers sans levain:
Se croyant jovial, il se fait détestable.

Ni grenouille ni cuisse il ne veut à sa table!
Et ans qu'on lui demande, il a choisi le vin!
Ce baryton requiert qu'on serve l'alevin
Et répand son "bon goût" qu'il prétend profitable.

Il garnit de piquant le bar le plus cosy
En joignant dans un sac Hollande et Sarkozy.
Il n'est donc pas question de paraître bégueule

Pour encaisser, serein, ses mots peu rigoureux.
Mais l'on songe à crever d'un trait bien vigoureux
Ce boeuf incompétent... dont seule va la gueule!

Daniel Fattore (1974- ). Sonnets inédits.

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