Je pense à l'épanouissement des orties
Le tableau amidonne sa vareuse. Le jardin s'inquiète
des brandebourgs. La prairie remonte le col en
prévision des congères. La vigne s'encagoule.
Araignée de la première neige, cortège.
Un homme fait provision de sel. Il croque des baies de
genièvre en effeuillant le calendrier des foires. Il
fabrique des crécelles avec des pinces-à-linge et des
ressorts de trappes à souris. Il les vendra pour la Noël
des gosses handicapés. Il pense à la poitrine
accueillante de la cheffe éducatrice.
Il ricane de l'épanouissement des orties.
Il y eut un discours de pain d'épices. Il y eut une messe
trisomique. Il y eut une quête sparadrap. Il y eut un
père fouettard en préventive.
Araignée de la première neige, sacrilège.
Je descends dans la nef des bardanes et des rosa
carmina. Je fais le suisse à la banque populaire. Je paie
la dîme sur l'alcool avec des lingots de chocolat blanc.
J'accuse réception des récriminations du ravi. Je rêve
de romans liturgiques où les hosties de Pentecôte se
couchent en bas résille sur la langue des paroissiens.
Une araignée grégorienne ficelle les quintes de l'orgue.
Je pense aux boniments du miracle.
Pierre-André Milhit (1954- ), Araignée à la petite semaine, Genève, Editions des Sables, 2019.
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