Donnie Hawkins – Il s'est bien amusé, Donnie Hawkins, lorsqu'il a écrit les quelques dizaines de pages de "Kitten et la pyramide sanglante"! Porté par une intrigue méso-américaine entre Guatemala et Mexique, doucement viriliste (quoique...), cet ouvrage constitue le quinzième opus de la série de romans populaires "Damned" mise sur pied par les Nouvelles Editions Humus. Le lecteur retrouve Kitten Napier, une femme belle, intelligente et lesbienne (donc inaccessible aux hommes, à moins qu'elle ne soit bi, la porte est ouverte...), déjà vue dans "Kitten mène l'enquête".
Ce court opus emprunte son univers au monde du cinéma et des arts populaires, avant tout. L'ambiance des débuts a tout pour rappeler Indiana Jones, et certains dialogues le confirment fortement. Quant au final, avec son duel de "bites" (la répétition du mot finit par devenir hilarante, c'est dingue), il ne manque pas de rappeler "La Guerre des étoiles", en mode sabre laser – interpellant tout un imaginaire phallique auquel le lecteur (et la lectrice, tiens, même si ça ne se pose pas dans les même termes) est invité à réfléchir. Hors cinéma, enfin, l'imaginaire lié aux forêts d'Amérique centrale évoque l'implacable "Les Ruines" de Scott Smith.
Tout tourne, dans "Kitten et la pyramide sanglante", autour de rituels qui impliquent des sacrifices humains, portés dans un esprit de revival porté par Ix Way Chan Ajaw, Reine de la Nuit, avide d'hommes à sacrifier. Le lecteur apprend ainsi que l'organe vital du mâle de l'espèce humaine n'est pas le cerveau, ni le cœur. Alors, quoi? Devinez, amis lecteurs, je ne divulgâcherai pas... L'auteur imagine ce qui peut arriver lorsqu'une expédition archéologique portée par une équipe d'hommes peut survenir dès lors, surtout lorsque deux femmes, Kitty et son amante en l'occurence, s'y mettent.
Il y a encore un peu à dire au sujet de l'onomastique. Le trait le plus saillant (si j'ose ainsi dire) concerne le personnage de Fergus Johnson, alter ego clairement dessiné du basketteur philosophe américain et suisse Jon Ferguson. Tout y est, un ballon de basket incongru comme les sorties philosophiques. Le tropisme américain se poursuit avec Lord Eton (contrepèterie de "Les tonnes d'or"), mormon jusqu'à l'os, archéologue en chef, à la recherche des tables d'or dont parle Joseph Smith, fondateur de ce courant religieux. Enfin, de façon plus anecdotique, Enilda, nom d'un personnage féminin du roman, est l'anagramme de "Daniel". Vous en faites ce que vous voulez...
Entre récit aventureux et péripéties grotesques agencées pour divertir, tout se termine avec une scène de dialogue physiothérapeutique où l'un des personnages rééduque peu à peu son organe vital (qui, rappelons-le sans divulgâcher, n'est ni le cerveau, ni le cœur). A l'aéroport, les survivants de ce roman noir et aventureux retrouvent leur place. Il le faut bien, et l'auteur semble avoir la frite: dûment traduit par un certain Wilburr Dan Lésé Pinard pour "Kitten et la pyramide sanglante", l'écrivain annonce d'ores et déjà un récit intitulé "Kitten sauve un Belge". On a hâte de déguster.
Donnie Hawkins, Kitten et la pyramide sanglante, Lausanne, Nouvelles Editions Humus, 2024. Traduit de l'américain par Wilburr Dan Lésé Pinard.
Le site des Nouvelles Editions Humus.
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