Laurence Biava – Arrivée en milieu de carrière, l'actrice de cinéma Anita Deweers peine à trouver des rôles à sa mesure. Dès lors, pourquoi ne pas prendre les choses en main soi-même en passant à la production? Tel est le propos de "Quelque chose de Tennessee", le tout dernier roman de l'écrivaine Laurence Biava.
L'heure est donc au voyage dans les coulisses de la création d'un film, aux temps tapageurs du milieu du vingtième siècle: on tourne déjà en couleurs, on se rencontre dans un café, chez l'un ou chez l'autre pour dresser un plan de travail. Un exercice rendu avec minutie par l'auteure.
Le lecteur suit Anita Deweers, une actrice qui a du caractère et sait ce qu'elle veut ou non (elle refuse par exemple les rôles de mères). De plus, la romancière fait d'elle quelqu'un qui sait parfaitement s'entourer. Cela passe par la persuasion, notamment au fil de dialogues précis avec tel comédien ou tel réalisateur, mais aussi par les qualités du cœur.
Et comme le titre du roman le suggère, c'est sur l'œuvre de Tennessee Williams qu'Anita Deweers porte son dévolu, sur la suggestion d'un chercheur rencontré lors d'une soirée qui promettait pourtant d'être ennuyeuse tant chacune et chacun y est tenu de jouer son rôle, les femmes en particulier.
La visite du monde du cinéma se double dès lors d'un rappel de la mémoire du dramaturge et écrivain américain, qu'Anita Deweers se propose de revisiter à la manière italienne par le biais d'une nouvelle adaptation de "Doux oiseaux de jeunesse" pour le grand écran. Italie? L'auteure offre au lecteur le plaisir d'en restituer une vision à la fois éclatante et nuancée, faisant contraster l'arrière-saison à Rimini et le glamour de l'hôtel Danieli à Venise. Cela, sans omettre les clins d'œil à Cinecittà, ni quelques fêtes et folies de mise en scène – quitte à risquer les dépassements de budget.
Productrice dans un monde où les hommes règnent presque sans partage, Anita Deweers apparaît, au fil des pages, comme un personnage ambitieux, empreint de ce féminisme qui incite à prendre résolument son destin en main et à faire fi des possibles adversités.
Rythmé par une alternance équilibrée entre narration et longs dialogues, "Quelque chose de Tennessee" oscille habilement entre Paris et l'Italie, entre productions cinématographiques sans envergure et promesse d'un film marquant. Ce roman fait revivre ainsi le monde du cinéma côté coulisses, à travers un beau personnage de femme qui se révèle forte.
Laurence Biava, Quelque chose de Tennessee, Paris, Une heure en été, 2022.
Le site de Laurence Biava, celui des éditions Une heure en été.
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