lundi 4 janvier 2021

Mindy Klasky, le mec était trop idéal...

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Mindy Klasky – Il n'est pas évident de trouver l'homme de sa vie lorsqu'on est une bibliothécaire de trente ans dotée de talents de sorcière. Jane Madison en sait quelque chose! "Comment trouver (rapidement!) l'homme idéal?" constitue le second tome de la trilogie qui relate ses aventures, après "Comment je suis devenue irrésistible". La romancière américaine y associe avec un bonheur certain les genres de la romance et du merveilleux.

Alors oui: à l'instar de la blogueuse du "Monde éditorial", le lectorat français peut être désarçonné par cette alliance entre deux genres a priori distants, d'autant plus que rien, sur le livre, ne l'en avertit. Le titre français est accrocheur mais passe-partout, au contraire du titre original anglais qui, lui, est explicite. Pour ne rien arranger, la quatrième de couverture est du même tonneau et même le personnage féminin qui trône en couverture, si charmant qu'il soit, n'a rien de Jane Madison, si ce n'est des cheveux roux.

Mais passé la surprise, voyons ce que ce roman a dans le ventre...

... Il s'agit donc du tome deux d'une trilogie. Quelques éléments sont supposés connus depuis le premier volume de la série, par exemple l'étrangeté du personnage de Neko, à la fois chat et humain ou, de façon plus générale, les rapports pas toujours évidents que Jane Madison entretient avec les hommes qui l'entourent sans arrière-pensée romantique, tels que David, gardien et coach en sorcellerie. On relève cependant que certains éléments sont dûment rappelés, par exemple l'installation de Jane Madison dans un cottage dont le sous-sol est bourré de livres et d'objets de sorcellerie.

Et voilà: Jane Madison se retrouve face à un homme absolument splendide et impeccable, Graeme, bien sous tous rapports à la puissance dix, attentionné, sexy, matériellement à l'aise. Trop bien pour être honnête? Telle sera la question qui va traverser tout le roman. De façon classique, l'auteure va donner la parole aux amies et amis de Jane qui la mettront en garde, mais longtemps, elle n'en aura que faire – plongeant aussi le lecteur dans le doute: une façade si parfaite peut-elle masquer de sombres desseins?

Jane Madison est d'ailleurs une trentenaire d'aujourd'hui, jonglant avec le sourire (plus ou moins) entre divers rôles au risque de se disperser. Bibliothécaire, elle se retrouve plus souvent qu'à son tour à tirer des cafés pour les lecteurs ou à gérer la marmaille qui vient assister à ses lectures familiales. Sorcière, elle affûte ses sortilèges pour intégrer une société très sélect. Amoureuse, elle vit soudain une vie sentimentale bien remplie. Humaine, elle a une mère et une grand-mère encombrantes. Cela, au risque d'oublier la fidèle amie Melissa, pâtissière de son état. Une telle diversité d'activités permet à l'auteure d'alterner quiproquos et gags de situation, tout en développant des personnages secondaires assez cocasses – et de suggérer la question de la charge mentale et de sa gestion.

Quant au motif des sorcières, il est devenu indissociable d'un certain féminisme moderne qui entend dégommer les stéréotypes négatifs qui leur collent à la peau. Certes, la société que Jane Madison cherche à intégrer n'efface rien à ces stéréotypes en raison de son côté arbitrairement exclusif: pas de sympathie à rechercher de ce côté. Mais c'est là que Jane Madison brille pourtant, qu'elle domine – en particulier David et Neko, des gars, certes présents lors des réunions de la société, mais relégués dans un fumoir à part dont on ne saura pas grand-chose. La sorcellerie est donc présentée comme un lieu de domination féminin, porté par la magie. Un écho au talent presque magique avec lequel Jane Madison maîtrise en jongleuse sa vie aux multiples facettes, si prosaïques qu'elles soient. Attachante, elle constitue finalement la meilleure pub pour réhabiliter les sorcières d'antan!

Le motif des sorcières est du reste présent dans l'œuvre de Shakespeare, qui s'insère tout naturellement dans l'imaginaire du personnage de la bibliothécaire et chercheuse Jane Madison. Le lectorat le plus au fait de l'œuvre du dramaturge anglais, ou simplement celui qui l'a travaillée à l'école, se délectera donc des citations qui émaillent "Comment trouver (rapidement!) l'homme idéal?", traçant un jeu de piste astucieux, intégré avec souplesse à l'intrigue.  

Cela dit, en fin de roman, Jane Madison n'aura pas de réponse à la question qui constitue le titre de ce roman – tout au plus une ouverture annonciatrice d'un troisième livre, "Jane, l'amour, la vie... et les hommes!". Et en refermant le livre, le lecteur (ou la lectrice) aura eu le plaisir de suivre une intrigue bien troussée, soucieuse des détails – qu'il s'agisse des péripéties ou des arcanes de la magie. Attention cependant: si, en se fiant au titre, le lectorat francophone s'attend à une nouvelle version des "Tribulations de Tiffany Trott" d'Isabel Wolff, où une femme d'âge moyen recherche désespérément un homme par voie de petites annonces (ce qui nous vaut une galerie de mecs navrants), il risque d'être déçu. Mieux vaut donc oublier ce titre et se laisser porter par la magique légèreté du roman de Mindy Klasky.

Mindy Klasky, Comment trouver (rapidement!) l'homme idéal?, Paris, Harlequin, 2011, traduction de Nadine Ginape-Mercier.

Le site de Mindy Klasky, celui des éditions Harlequin.

Lu par DunkyEsmeraldaeLe Monde Editorial, Ursula Dubois.


4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout et cette trilogie pourrait bien me plaire surtout pour ce côté sorcellerie.
    Merci pour cette découverte !
    Je te souhaite une bonne journée !

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    1. Bonne journée à toi! En effet, le côté sorcellerie confère à ce roman sympathique un côté original.

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  2. j'ai lu, souri, noté l'auteur, puis me suis prise d'un doute en voyant l'éditeur, suis-je bien sur le blogue que je crois... mais je prends note parfois aussi de tes lectures
    BELLE ANNEE

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    1. En effet, je m'aventure parfois aussi sur ces terres! :-)
      Bonne année à toi et merci pour ta fidélité!

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