dimanche 11 juin 2017

Terreskin, un voyage poétique et photographique aux portes de l'étrange

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Le site de l'éditeur (merci pour l'exemplaire envoyé), le site du livre.

Tout un monde d'images au départ de Vevey: le débarcadère vous tend les bras! Terreskin, c'est l'exotisme et le rêve à deux pas des rives suisses du lac Léman. C'est un pays rêvé à la toponymie imaginaire et évocatrice. Des photos, et un soupçon de poésie pour commenter tout cela: c'est le programme du livre "Terreskin", signé Maude FatBear et Valérie Huser. Et comme souvent chez l'éditeur Hélice Hélas, le lecteur se trouve en présence d'un livre difficile à classer. D'ailleurs, celui qui ouvre "Terreskin" est-il vraiment un lecteur?

Couverture cartonnée, pages noires où quelques phrases se détachent en rouge: "Terreskin" est indéniablement ce qu'on appelle un beau livre. Celui qui l'ouvre est convié à un voyage original à travers la photographie, dans un monde lémanique transfiguré.

Transfiguré? Halluciné plutôt! Le travail de l'image s'avère virtuose et technique. Il joue sur le grain des photographies, sur les jeux de couleurs, sur les lumières que la météo veut bien accorder. Du coup, il en résulte un regard qui a parfois une couleur rétro, ou flirte avec l'art abstrait grâce à des flous et des plans rapprochés artistiques. Les figures humaines sont fugaces, éventuellement grimées (on pense à la femme en rose, sans doute une comédienne), et le regard sur elles s'avère altéré: on veut croire à des demi-dieux, ou alors, à tout le moins, à des personnes hors du commun.

L'ordre des photographies, en phase avec un voyage rêvé, suit une forme de crescendo dans l'onirique, discrètement porté par des légendes aux airs poétiques. Tout commence avec des personnages vus, à l'instar de ce bonhomme, Allistaire, qui boit lentement son verre ou d'Estelle aux beaux mollets, tenancière d'un bistrot nommé "Estelle's". Puis viennent la nature, les rochers, les arbres, les univers souterrains qui font peur. L'oeil de la photographe se fait observateur, repère ce qu'il vaut la peine de montrer à celui qui feuillette "Terreskin", et qui se retrouve ainsi embarqué dans un voyage au coeur de l'étrange, du mystère.

Et comme si l'image et le verbe ne suffisaient pas, "Terreskin", ce livre aux portes de l'étrange, est complété par un site Internet où l'esthète intéressé trouvera des photos en complément, qui illustrent le monde imaginaire rêvé par les créatrices. Il trouvera là, également, des instants musicaux propres à porter sa rêverie.

Maud FatBear et Valérie Huser, Terreskin, Vevey, Hélice Hélas, 2017.

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