Olivier Chapuis – L'ambiance est sombre dans "Insoumission", le dernier thriller de l'écrivain suisse Olivier Chapuis. Elle est pluvieuse aussi, puisque tout va se jouer l'espace d'un soir de grosse averse, sur les routes à la visibilité limitée et humide du canton de Vaud – une ambiance de flou et de pénombre que l'auteur saisit parfaitement, dès le premier chapitre, et qui accroche d'emblée le lecteur.
Au fil des pages, "Insoumission" explore les zones d'ombre de quelques personnages aux apparences pourtant plutôt correctes. Pensez donc: que dire de mal d'un couple qui tient une chaîne hôtelière? Très vite, le lecteur découvre que ces établissements cachent des bars privés, livrés à plus d'une activité illégale: trafic de drogue, prostitution, etc. Une journaliste va s'y intéresser de près... et le cœur va s'en mêler, pour faire bon poids.
Si Alain est à la tête du navire hôtelier Bolton Ltd avec son épouse Viviane, en effet, c'est aussi un cavaleur avide de conquêtes. On le retrouve face à deux femmes plutôt différentes: Myriam, une jeune secrétaire (le grand classique) et Naomi, qui veut rapidement davantage que de simples coups à l'occasion. L'auteur recourt à un vocabulaire d'une grossièreté calculée pour en dire le caractère dérisoire – une tactique de style qui s'applique aussi, de façon plus générale, pour exprimer le cynisme des humains qui, dans ce livre, sont aux commandes.
L'auteur s'intéresse à ses personnages. Et là où ceux-ci effacent la personnalité des prostituées du réseau entretenu par Alain et Viviane sous l'étiquette trompeuse de "stagiaires" baladées entre une poignée de grandes villes d'Europe, l'écrivain leur restitue un visage à travers la personnalité, à la présence fugace mais prégnante, de Vika, Biélorusse en rupture, devenue mère trop tôt, victime de traite des blanches, et embarquée malgré elle dans le sillage des activités illégales de la chaîne hôtelière Bolton.
"Insoumission" conserve encore quelques-unes des "métaphores foireuses" que l'auteur affectionne tant que son éditeur doit parfois, c'est dit au moment des remerciements, canaliser. Celles-ci lui donnent ce qu'il lui faut de chair, en contraste avec une écriture généralement nerveuse, faite de phrases et de chapitres courts qui renforcent l'impression de rapidité et de tension inhérente au propos.
Et pour la petite histoire, un dernier détail: ce roman voit passer l'ombre un quintuple champion de "Des Chiffres et des Lettres" qui ressemble à un camée de l'écrivain en personne: il a lui-même naguère brillé dans cette émission de télévision populaire...
Olivier Chapuis, Insoumission, Chêne-Bourg, BSN Press, 2025.
Le site de BSN Press.
Le site des Editions de Londres, où ce roman a paru dans une première version en 2015.
Tu m'intrigues vraiment d'autant que je n'ai jamais lu cet auteur. L'anecdote finale est drôle...
RépondreSupprimerBonsoir Violette! Oui, c'est cocasse! Et dans le genre, il avait aussi glissé une allusion à un bonhomme qui gagne tous les concours d'orthographe. Je m'étais senti visé à l'époque... ;-)
SupprimerA noter qu'Olivier Chapuis a un homonyme français, qui est plutôt actif dans le domaine de la littérature jeunesse. Ce ne sont pas les mêmes!...
Bonnes lectures à toi!