Claude Robert – Dire que juste avant le début de ce thriller, les personnages avaient sans doute souhaité la bonne année à celles et ceux qui leur étaient chers... C'est peu après minuit, un premier janvier, que l'artisane Myriam trouve un de ses voisins d'atelier, Max, raide mort, transpercé de part en part, les mains coupées, face au dessin inquiétant d'une goule. "Le tableau", deuxième roman de l'écrivaine Claude Robert, peut commencer...
Max n'est pas exactement un ange, le lecteur va le découvrir peu à peu, au fil de l'enquête menée par les inspecteurs Ji et Costa, entre autres policiers, déjà intervenus dans le premier roman de Claude Robert, "Rouge". Artiste reconnu mais arrogant voire mégalomane et difficile à vivre, ce bonhomme semble tremper dans des affaires de pédophilie. Et dès le début, les enquêteurs décèlent des dysfonctionnements dans la famille de ce créateur. Il n'y a plus qu'à dérouler la pelote. Mais Max n'est que le premier défunt...
"Le tableau", c'est une plongée vertigineuse dans les profondeurs insondables de l'âme des personnages mis en scène. On se parle beaucoup, les policiers confrontent hypothèses et ressentis, les interrogatoires se succèdent, de même que les hypothèses qu'on échafaude à partir de ce que les uns et les autres savent ou présument du tempérament des suspects. Des suspects du genre à mentir par omission, même lorsqu'ils semblent vouloir passer aux aveux.
L'équipe est complétée par un personnage original: Miro le chien, animal intelligent et loyal, pourvu d'un instinct sûr. Son attitude face aux suspects va aussi guider les enquêteurs, les confortant dans leurs propres ressentis. Il peut paraître étonnant qu'il ait appartenu à Max, qui va peu à peu s'avérer repoussant: quel contraste! Le lecteur ne manque pas de se demander ce qu'il adviendra de la bête alors que son maître est mort. Costa, peut-être...?
On ne sait guère où se passe l'intrigue du roman policier "Le tableau"; tout au plus devine-t-on, au nom de certains personnages (alors que d'autres, comme Mondriand, font penser au milieu artistique), que c'est quelque part en Suisse romande, peut-être en pays de Vaud, où tout le monde à la police est inspecteur. Peu importe: aux antipodes d'un roman de terroir, cet ouvrage à suspens aux ambiances de plus en plus irrespirables, soulignées par une structure en chapitres longs, a élu domicile dans les âmes humaines, mettant au jour avec une implacable précision ce qu'elles peuvent avoir de pire comme de meilleur.
Claude Robert, Le Tableau, Lausanne, Favre, 2024.
Le site des éditions Favre.
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