Jean-Claude Zumwald – Une stagiaire de l'enseignement public, Tamara Oliveira, est retrouvée morte dans la cour du collège des Parcs à Neuchâtel. Ouch! La police n'a guère de pistes. Du coup, c'est Victor Aubois, un jeune retraité qui joue les détectives, qui s'y colle. Tel est le point de départ du nouvel épisode des aventures de Victor Aubois, signées Jean-Claude Zumwald, sobrement intitulé "La morte du collège des Parcs".
L'ambiance locale est assumée dans ce solide roman policier. La restitution de cette ambiance passe par la description précise de quelques lieux, à Neuchâtel mais aussi du côté de Fribourg, ville dont l'auteur cite avec justesse un restaurant italien stylé. Du côté de Neuchâtel, l'auteur donne un surnom bien à lui au "Bâtiment administratif des Poudrières" (BAP), repaire de la police cantonale: loin du classique sobriquet "Boîte À Poulets", l'auteur le surnomme "Caprice des Dieux" en raison de sa forme.
Et quitte à ce que le rythme en soit ralenti, l'écrivain n'hésite pas à planter le décor, décrivant par exemple avec générosité les vicissitudes de ce ru nommé Seyon – allant jusqu'à évoquer, sans que cela ne soit indispensable à l'intrigue, la destinée du Gor du Vauseyon, sorte de moulin au fil de l'eau. La narration ne dédaigne pas le pittoresque non plus, par exemple lorsqu'il s'agit de décrire une concentration de passionnés de Citroën 2 CV – contraste saisissant avec la voiture de Victor Aubois, une DS de collection.
Alors oui: il sera question de police dans "La morte du collège des Parcs". Cela dit, Victor Aubois, si perspicace qu'il soit, n'est pas un policier – il est tout au plus un précieux informateur, et l'auteur le confine parfaitement dans son rôle. Un rôle qui l'amène à devenir enseignant l'espace de quelques jours, histoire de voir ce qui se trame dans le collègue où le meurtre a eu lieu. Mais aussi à devoir chercher des informations en toute discrétion, en particulier en rusant pour susciter les confidences, voire en se mettant peut-être en péril en acceptant de coucher, tel le sexagénaire toujours vert qu'il est, avec la concierge dans une chambre de l'Auberge des 4 Vents à Fribourg – on pense ici, de façon fugace, ne serait-ce que pour le décor, à "Légère et court-vêtue" d'Antoine Jaquier.
L'enquête oscille entre la volonté de procéder par élimination pour disculper les uns et les autres et la réalité, qui suggère que le coupable est peut-être, contrairement à ce qu'a trop vite pu penser la police, extérieur à l'école. Après tout, Tamara Oliveira a grenouillé avec une copine dans des milieux pacifistes un peu trop politisés. Est-ce une piste à suivre? Ou vaut-il mieux surveiller tel enseignant déjà déplacé d'un établissement à l'autre, ou telle professeure à la cuisse légère, question de vécu? Par touches, l'écrivain excelle à mettre en avant certains aspects humains du fonctionnement d'un collège, par-delà la façade de perfection qu'il se doit de renvoyer vis-à-vis de ses usagers.
"La morte du collège des Parcs" se déroule dans un lieu scolaire qui existe bel et bien, classé monument historique. L'auteur sait y ménager quelques surprises au gré d'une intrigue adroite qui montre que parfois, les civils savent se montrer plus habiles que la police – quitte à ce que celle-ci suive un peu ce qui se passe du côté de ses indicateurs. Quant à Victor Aubois, il sait rester à sa place, humblement, et faire parler les gens pour aller à la pêche aux informations. Sa geste est relatée dans une langue qui assume ses traits romands et ses helvétismes, qui accentuent d'une manière bienvenue son parfait côté terroir.
Jean-Claude Zumwald, La morte du collège des Parcs, Sainte-Croix, Mon Village, 2023.
Le site de Jean-Claude Zumwald, celui des éditions Mon Village.
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