mardi 27 avril 2021

"Le silence brûle"... et la lecture réchauffe!

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Les Dissidents de la Pleine Lune – Voilà déjà dix ans que le collectif d'écrivains des Dissidents de la Pleine Lune a vu le jour à l'initiative de Sabine Dormond, Hélène Dormond et Olivier Chapuis. Marquant cette première décennie d'existence, l'année 2021 méritait bien un livre. Plus précisément un recueil de nouvelles très courtes! Plusieurs facettes de l'activité des Dissidents de la Pleine Lune y sont représentées, faisant du recueil un véritable kaléidoscope vivement coloré. 

Son titre? J'oubliais: c'est "Le silence brûle". Emprunté peut-être au poète Jean-Marie Olingue (1950-1990), il est représentatif des thèmes d'apparence improbable sur lesquels les membres du groupe d'écrivains sont invités à plancher. "Le silence brûle", c'est aussi le sujet d'un concours d'écriture organisé pour l'occasion. Les meilleurs textes, adoubés et remarqués par un jury, occupent toute la première partie du recueil. 

Le plus souvent, c'est l'inavoué qui dévore les personnages qui constitue le fil rouge des textes primés. Les constantes sont les blessures de jeunesse, les secrets intimes ou de famille. "Amèrement sienne" de Liliane Meyer évoque l'amour non désiré dans une terrible nouvelle à double détente, alors que "Vérité abjecte" de Céline Gest, s'il a un titre qui en dit un peu trop, suggère qu'il est des pères qu'entre tous, on préfère ne pas avoir. Et c'est avec pudeur que Camille Molina, lauréate du concours, évoque un événement de vie non défini, mais qui fait que le silence est préférable à tout.

La deuxième partie du recueil est consacrée aux productions des membres plus ou moins réguliers des Dissidents de la Pleine Lune. Elle assume un côté aimablement anarchique. En effet, on y trouve des textes d'une grande diversité formelle, diversement aboutis aussi: alors que certaines nouvelles sont fort abouties, d'autres donnent envie au lecteur d'en savoir plus alors que d'autres encore font figure d'exercices de style adroits, étapes vers quelque chose de plus mûr. 

Cette diversité est aussi le reflet des thèmes proposés aux auteurs au fil des années: qu'écrirait-on sur des thèmes tels que "Politesse abusive", "Pour deux francs de suspense" (ah, la pirouette de Sociovore dans " Barbecue d'étudiants", à deux balles pour le coup!) ou "Entre terre et sel"? Reste que même des thèmes plus anodins en apparence ont incité les écrivains à se surpasser. Sur "La main au feu", Olivier Chapuis imagine ainsi, dans "À gauche, toute", une brève évocation de la dictature des gauchers. Non sans un clin d'œil à la gauche politique... 

Et si l'essentiel des textes proposés dans "Le silence brûle" relève de ce qu'on appelle la littérature blanche, le recueil réserve une troisième partie intitulée "Le coin des adultes", consacrée aux productions de genre érotique nées des thèmes proposés par les Dissidents de la Pleine Lune. On y trouve les écritures familières et chargées d'expérience littéraire de Denise Campiche ou de Pierre Yves Lador, mais aussi un conte détourné de Baptiste Magliocco ou les vicissitudes d'une postulante et d'un faux Magritte, relatées par Bénédicte Saouter. 

Signe fort de la vitalité littéraire romande, "Le silence brûle" réussit à réunir, en quelque deux cents pages, des écritures diverses, encore neuves ou déjà expérimentées, spontanées ou finement travaillées. Ainsi naît un recueil où se côtoient des dizaines d'univers qu'on aura envie de découvrir plus avant, plus longuement peut-être au gré d'une œuvre de plus longue haleine, après les avoir entraperçus l'espace de deux ou trois mille signes.

Les Dissidents de la Pleine Lune, Le silence brûle, Sierre, Editions Soleil Blanc, 2021.

Photo: document remis, source: Lausanne-Cités.

2 commentaires:

  1. Merci pour l'article. �� ��‍���� ��

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    1. Avec plaisir! Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos activités d'écriture.
      Bonne fin de semaine!

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