Collectif – "Si la neige ne revenait pas", c'est un recueil de onze nouvelles né d'un concours organisé en 2019 par les éditions Montsalvens, selon un calendrier serré. Elles sont reliées entre elles par les thèmes conjugués de Noël et de la neige, ainsi que par leur ancrage dans le canton de Fribourg, en Suisse – voire en Gruyères, terre de contes et de légendes s'il en est.
Les ambiances installées dans ces textes sont celles du conte de Noël. En ouverture de recueil, c'est même une mise en abîme de la soirée de contes qui est proposée au lecteur avec "Sans blanc" de Jean Prétôt. L'idée de mettre en scène des animaux sous-tend "Le sapin de Noël des animaux" de Willy Boder, qui opte pour un récit qui s'adresse aussi à l'enfance. Quant aux miracles de Noël, ils interviennent dans "Symphonie en noir et blanc" de Christine Bays.
La neige, quant à elle, fait parler d'elle dans chaque nouvelle. Dans "Nê et les Neiges Eternelles du Vanil Noir", Veronica Cambria va jusqu'à se mettre dans la peau d'une poignée de flocons pour créer une nouvelle aventureuse. A contrario, l'absence même de la neige, éventuellement compensée par des artifices ("Une tradition familiale" de Ketsia Hasler), est un marqueur thématique d'actualité. Dans plusieurs nouvelles, elle apparaît en effet comme le symbole du changement climatique en cours.
Les thèmes abordés sont le plus souvent attendus: la famille bien sûr, l'enfance aussi, ou la crèche inspirée des récits bibliques. Ils empruntent aussi à l'actualité régionale, par exemple par le biais de la raréfaction de la neige dans les stations alpines de moyenne montagne avec "La boule à neige" d'Ariane Francey-Spicher, qui utilise le motif touristique de la boule à neige pour mettre la Gruyère sous cloche, un peu à la façon de "Dome" de Stephen King. Ces options thématiques inscrivent les textes de "Si la neige ne revenait pas" dans une longue tradition que le postfacier Jean Rime retrace en un texte de vulgarisation scientifique généreux et informé, "Si les contes à Noël toujours reviennent". Tous les auteurs du recueil s'avèrent ainsi dignes héritiers de Charles Dickens et de son "A Christmas Carol".
Il est à relever que "Houppelande Blues" d'Olivier Chapuis, lauréat du concours, prend joyeusement à contrepied les figures obligées du genre en suggérant l'obsolescence du Père Noël, incarné par un sportif contrarié et déguisé, soudain supplanté par Dark Vador dans un grand magasin de la ville de Bulle. Mais si Noël y paraît réduit à un pur moment mercantile, la fin de ce texte grinçant suggère la possibilité d'un miracle – fruit de l'intervention d'un enfant.
Rêveurs ou méditatifs ("24 décembre 2047" de Stéphane G. Bourban, en particulier), exceptionnellement désenchantés, les récits de "Si la neige ne revenait pas" revisitent ainsi le genre du conte de Noël dans une ambiance classique et aimable. Souvent aussi, ils donnent des pistes pour envisager des fêtes de fin d'année qui, réchauffement climatique oblige, pourraient faire à terme du manteau blanc de la neige un souvenir merveilleux.
Collectif, Si la neige ne revenait pas, Bulle, Editions Montsalvens, 2019.
Le site des Éditions Montsalvens.
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