mardi 2 janvier 2018

Les bonnes choses et ce sentiment qui attire...

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Dominique Costermans – Amours, saveurs et voyages: que voilà un programme goûtu pour un recueil de nouvelles. "En love mineur" recèle tout cela, au sens le plus large, et Dominique Costermans a le chic pour saisir des instants de vie savoureux, peut-être empruntés à sa propre existence, puis sublimés par l'art de l'écrivain.


Si l'amour, ce fameux "Love" du titre, donne envie, et entre volontiers en résonance avec les bonnes choses de la vie, il apparaît tempéré, au fil des pages, par un style apparemment sage, économe en ponctuations suggérant la passion. Tel est donc le fameux mode "mineur" du titre! Le style est rythmé aussi, par un jeu occasionnel d'anaphores, de pronoms répétés ou de surnoms scandés. 

Il est régulièrement question des bonnes choses que l'on mange dans ce livre. L'auteure suggère ainsi que l'amour passe aussi par l'estomac et ce, dès la première nouvelle: "L'espoir fait vivre" tente de cerner ce que peut être l'amour, autour de quelques bons petits plats. Ceux-ci sont encore plus présents dans "L'homme à qui j'ai fait à manger", nouvelle appétissante qui oscille entre flash-back et vécu d'un rendez-vous chez la narratrice.

Puis s'installe, au fil des nouvelles, un tropisme méditerranéen qui confère une saveur supplémentaire à certaines nouvelles. Dans "J'ai bien fait de venir", tout est dans le titre, suggérant le bonheur d'un séjour au Portugal: vivre les cérémonies de Pâques sans y comprendre grand-chose, goûter des bonnes choses, vivre entre êtres humains, sous un soleil printanier que le lecteur se plaît à imaginer. Le voyage mène aussi en Grèce, précisément au moment du référendum d'Aléxis Tsípras: sous le soleil, dans "L'orgueil de la Grèce", il est question de fierté nationale face aux diktats de Bruxelles, donc d'amour pour un pays, celui-ci faisant écho au couple qui dialogue. Et puis, "Regalo" et "Un amour de papier" intègrent quelques mots d'italien pour réussir un effet de couleur locale, dans des textes qui ont tout d'une plage de vie.

Plages de vie: alors que les nouvelles de "En love mineur" sont le plus souvent, voire toujours, portées par la voix d'une narratrice, il est permis de s'interroger: la narratrice se confond-elle avec l'auteure? C'est une richesse du recueil, pour le coup, qui apparaît avant tout dans "Un jour, j'ai pris Annie Saumont dans ma voiture", qui récapitule les relations d'une écrivaine avec quelques autres: rendez-vous manqué avec Nancy Huston, contact prolongé avec Caroline Lamarche. Cette nouvelle a les accents d'un hommage, sur la base d'anecdotes: c'est encore une manière de dire "je vous aime".

Dans "En love mineur", "Love", on l'a compris, c'est l'amour et les relations entre les personnes ou envers les objets, voire les animaux: en bref, c'est, au sens le plus large, ce sentiment qui vous attire vers quelqu'un ou quelque chose. Un sentiment nourri par des éléments concrets, charnels, où ce que l'on mange occupe une place non négligeable. Pas de quoi s'alarmer, pourtant: certes travaillée dans un souci du rythme, du goût et du concret, l'écriture des dix-sept nouvelles de "En love mineur" conserve le sens d'une saine mesure qui met en valeur, par contraste, tout ce qui a du goût dans les textes recueillis.

Dominique Costermans, En love mineur, Louvain-la-Neuve, Quadrature, 2017.


Egalement commenté par Goliath.

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