Jean-Claude Sacerdot – Ancien parachutiste ayant bourlingué aux quatre coins du monde tout en pratiquant l'écriture, l'écrivain Jean-Claude Sacerdot livre avec "The Crackerjack" le premier tome d'un diptyque intitulé "Blues de vaches", tournant autour d'un enquêteur atypique nommé Jack Guzik. Et c'est peu de dire qu'autour de lui, ça chauffe pas mal dans les beaux quartiers parisiens, mais pas seulement.
Atypique, Guzik? Le lecteur le découvre viveur et riche à millions, logé dans un immense appartement à l'Avenue Foch, non loin de l'arc de Triomphe de la place de l'Étoile, à Paris. Américain d'origine, Parisien d'adoption, on le découvre un (gros) brin réac, psychothérapeute de profession et auxiliaire de police, amateur de belles femmes comme de belles mécaniques. Cela, sans oublier un certain talent au piano et une passion infinie pour sa chienne Shasha.
Tour à tour, au gré des circonstances, le voilà sur les talons de quelques malfrats parisiens, liés entre eux de manière assez lâche: des Vietnamiens qui pourraient en vouloir à Tô-Tam, cliente de Guzik et employée de la voisine de celui-ci, des commerçants qui trafiquent de la viande avariée pour des restaurants louches, des voleurs assez habiles pour dérober un char d'assaut.
Autant dire qu'il y aura pas mal de castagne! L'auteur a du reste le chic pour créer des personnages hauts en couleur et les nommer de façon amusante ou improbable, par exemple une riche et belle voisine nommée Claire-Aramburgis, un marquis de Convusse de la Cerge (contrepèterie inside) ou un Viandard magnat de la viande (bel exemple d'aptonyme). Cela, sans oublier le surnom de "The Crackerjack", donné au personnage principal, et qui suggère que c'est lui le meilleur. Même si, au fil des péripéties, cette réputation sera quelque peu remise en question...
L'écriture, elle, est à l'avenant. Il faut certes un moment pour s'habituer aux paragraphes souvent assez compacts, s'offrant à l'occasion le luxe de digresser (par exemple sur les hymnes nationaux), donnant une fausse impression de lenteur et de "chargé" au début. Mais force est de relever qu'une fois lancé, le lecteur a droit à un festival éclatant de jeux de mots et de blagues de tout goût, tantôt fines, tantôt grasses. L'ambiance n'est dès lors pas sans rappeler les bonnes pages de San-Antonio, un écrivain auquel l'auteur emprunte du reste certaines ficelles afin de les revisiter.
Il en résulte une intrigue d'inspiration policière à l'ancienne, à peine technologique, incorrecte de façon décomplexée, qui ne manque pas d'amuser à plus d'une reprise grâce à un humour ravageur de tous les instants. La suite s'intitule "The Bigbrain" et fera revenir Jack Guzik, sans faute – et avec certitude: si la quatrième de couverture de "The Crackerjack" annonce le mot "FIN" en fin d'ouvrage, celui-ci n'y apparaît pas. Gageons qu'il viendra dans le deuxième tome...
Jean-Claude Sacerdot, Blues de vaches, tome 1: The Crackerjack, Paris, Erick Bonnier, 2024.
Le site des éditions Erick Bonnier.
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