vendredi 1 décembre 2017

Une enfance à Strasbourg, côté ferme

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Claudine Malraison – Un visage sur une couverture: celle de l'auteure enfant, en autoportrait. Et au-dessus, un titre: "La grange aux souvenirs". Tout est là, sur cette page offerte au lecteur: l'artiste-peintre Claudine Malraison se livre par les mots en évoquant son enfance, vécue dans l'ancien quartier maraîcher strasbourgeois de la Robertsau, au temps du général Charles de Gaulle. Et comme de bien entendu, l'évocation des jeux d'enfants dans la grange de la ferme familiale interviennent très vite dans ce petit livre.

"La grange aux souvenirs" n'a rien de la relation scolaire et banalement nostalgique d'une enfance à jamais perdue. Au contraire, l'écrivaine s'y entend pour recréer un monde, pour le faire revivre: l'enfance n'est pas perdue avec elle. Elle retrouve la naïveté de son regard d'enfant et la capacité d'émerveillement face à des choses simples. Le lecteur découvre par ailleurs un personnage qui prend la vie comme elle vient, sans trop se poser de questions, du moins au début.

Cette recréation de l'enfance, cette envie de la rendre réelle pour le lecteur, passe aussi par la reconstruction du langage des jeunes années. En début d'ouvrage surtout, les phrases sont souvent simples et directes, privilégiant l'expression de choses et de notations concrètes: les chatons qu'on tue à la naissance (mais il arrive qu'on en sauve un s'il est vraiment trop mignon), la volaille, les chèvres, la télévision qu'on n'a pas et qu'on va voir chez le voisin en cas d'émission importante, etc. On trouvera quelques mots de grandes personnes çà et là, de façon surprenante: "sadisme" (p. 72), ou "archétype" (p. 31).

Cette langue s'avère cependant évolutive, retraçant aussi les années de pensionnat. Mais, si le cadre diffère, si le regard a mûri avec les années, l'approche reste celle que le lecteur connaît, celle d'une personne qui prend les choses comme elles viennent: face aux règles imposées par un établissement catholique auquel il faut bien s'habituer, on ne perçoit guère de révolte dans l'écriture.

Les mots de "La grange aux souvenirs" s'agencent en paragraphes courts comme des rédactions d'enfants. Ceux-ci apparaissent aussi comme des flashes, des souvenirs furtifs. Parmi ces souvenirs, le premier fait figure de programme: c'est une partie de cache-cache. On peut voir ici, en effet, l'idée que telle l'enfant qui va chercher ses amis cachés un peu partout dans la maison, l'écrivaine se plaît à retrouver des souvenirs qui jouent à se cacher.

"La grange aux souvenirs" est un petit livre qui recrée de façon vivante et palpable l'enfance et la jeunesse de l'auteure. Il rappellera sans aucun doute des souvenirs à ses contemporains, mais parlera aussi à des lecteurs de tous âges, avides d'un récit authentique.

Claudine Malraison, La grange aux souvenirs, Paris/Strasbourg, Andersen, 2017.

Le site de Claudine Malraison, celui des éditions Andersen.

2 commentaires:

  1. Un livre qui pourrait me plaire. Merci de m'avoir fait découvrir cette auteure que je e connais pas.

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  2. Ce fut une belle découverte pour moi aussi!
    Bon dimanche à toi!

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