Martina Chyba – Poppy Maunoir est une quadragénaire d'aujourd'hui. Ce sont ses tribulations de femme littéralement entre deux âges, mère et deux fois divorcée, que relate le roman générationnel "Vie en rose et chocolat noir" de Martina Chyba.
Roman générationnel? Autour d'elle, Poppy Maunoir, entrepreneuse indépendante un brin précaire, voit évoluer une jeune génération insouciante. C'est celle de ses propres enfants, Théa la post-ado gothique qui rêve de Jeux Olympiques et Ulysse le surdoué de dix ans. Et en amont, les seniors, baby-boomers, jouent également la carte du parfait bonheur.
L'auteure prend soin de créer des personnages hauts en couleur. Le père de Poppy se remarie avec une femme qui pourrait être sa fille, voire sa petite-fille, sa grand-mère décide de s'évader de l'établissement médico-social où elle a son domicile, évoluant à l'aide d'un déambulateur signé Philippe Starck. Cet entourage est également fait d'enfants insupportables – ses neveux, enfants si mal élevés qu'aucun parent ne en veut assumer la garde au moment du divorce...
Oui, les histoires de famille sont au cœur de "Vie en rose et chocolat noir", avec leur lot de névroses et de secrets qu'il faut bien mettre au jour, quitte à partir pour Hawaii. Ce n'est pas un hasard si Poppy tient un blog sur les légendes de la mythologie grecque, dont le lecteur peut apprécier des versions revisitées un poil sarcastiques: si tordues qu'elles soient, elles font volontiers écho à la famille de Poppy, plus compliquée qu'il n'y paraît.
Avec un tel dispositif, les situations cocasses ne peuvent que se succéder, avec une délicieuse régularité. Il y a les sujets impossibles qu'Ulysse l'intello amène dans la conversation, quitte à jouer parfois la partition du Schtroumpf à lunettes. Il y a les modalités d'éducation des uns et des autres, Poppy Maunoir ne reculant pas devant l'ironie. Et les répliques qui claquent, parfois toxiques pour peu que tel personnage fasse preuve d'égocentrisme insouciant. La vie de Poppy elle-même, avec ses avanies de quadragénaire à l'avant-veille de la ménopause, contrainte de gérer ses ex, apporte son lot de sourires aimables ou grinçants.
Avec "Vie en rose et chocolat noir", l'écrivaine Martina Chyba propose un roman réussi, aigre-doux, sur les mille galères d'une femme d'aujourd'hui, prise entre les incertitudes du lendemain et arrivée à l'âge où l'on commence à se dire que c'était mieux avant. Vraiment? La réponse sera nuancée...
Martina Chyba, Vie en rose et chocolat noir, Lausanne, Favre, 2013.
Le site des éditions Favre.
Egalement lu par La Livrophile.
Je ne me retrouve pas du tout dans l'héroïne mais le roman a l'air de mettre en scène non sans humour une vie haute en couleur et mouvementée :
RépondreSupprimerBonsoir Audrey! En effet, on a affaire à de sacrés personnages, ce qui permet d'avoir un roman haut en couleur: la romancière excelle à faire s'entrechoquer les caractères des uns et des autres, tout en captant un certain air du temps.
RépondreSupprimerBonne fin de semaine à toi, merci de ton commentaire!